À Linguère, le poulet local est bien plus qu’un aliment.Élevé de manière traditionnelle dans les concessions par les femmes rurales, il est un veritable filon. Ce poulet rustique alimentte les marchés hebdomadaires, génère des revenus pour les femmes et les petits producteurs. Il résiste à la concurrence des volailles importées. Pourtant, malgré son potentiel, la filière reste confrontée à des des défis majeurs.
LINGUÈRE – Le poulet local souvent appelé » poulet bicyclette » est très prisé pour sa rusticité, sa saveur et sa résistance aux maladies. Les marchés hebdomadaires du département de Linguère constituent les véritables points de convergence de la vente des poulets locaux. Pour Barkédji, le marché se tient chaque jeudi et Linguère chaque vendredi. Les Éleveurs de ces poulets locaux viennent inonder le marché.Les prix de ces poulets varient selon la taille, la race du poulet et le poids.Les éleveurs ou éleveures apprécient la qualité de leurs poulets et les revenus qu’ils obtiennent.
Fatou Diop, éleveure à Thiargny donne son point de vue sur la filière. » J’ai commencé avec cinq poules et un vieux coq. Aujourd’hui, je vends une trentaine de poulets par mois. Ce sont mes volailles qui m’ont permis d’acheter une machine à coudre et de lancer mon petit atelier. Le poulet local, c’est plus qu’un repas, c’est une ressource de dignité »,a expliqué la commerçante toute enjouée.
Aïssatou Ndiaye est également dans la vente de poulets locaux au marché de Linguère. Cette dernière est du même avis que Fatou Diop. » Je ne les élève pas, mais je les achète aux femmes du village. Les clients préfèrent le poulet local au poulet importé surtout en période de fêtes.Lors des grandes occasions, je peux vendre jusqu’à 60 poulets en deux jours”, revele-t-elle fièrement.
Les acteurs de la filière veulent une structuration pour rendre beaucoup plus performant et rentable le poulet local. C’est le cas de Cheikh Bâ, jeune entrepreneur rural, résident à Khogué. » J’ai suivi une formation sur l’aviculture villageoise. Maintenant je travaille avec un groupe de jeunes pour créer une coopérative.On veut structurer la filière, améliorer la qualité et viser les marchés urbains.Le poulet local a un avenir, si on s’organisee”, soutient-il.
Mariama Sow, une autre éleveure demeurante à Barkédji affirme que le poulet local est robuste, il résiste mieux aux maladies. Mais pendant la saison sèche,elle avance que la nourriture de ces poulets leur cause des problèmes. Elle sollicite un appui auprès des autorités locales pour l’alimentation et les soins.
Des défis persistants
Les éleveurs manquent de nourriture adaptée pour les volailles surtout pendant la saison sèche. Cette situation plonge ces derniers dans le désarroi.Les services vétérinaires sont rares ou trop éloignés, ce qui expose les poulets à des maladies non traitées. Les médicaments et les vaccins sont parfois trop coûteux pour les petits producteurs d’après Awa Guèye éleveure à Tessékéré.Elle ajoute qu’elles ont besoin d’un soutien en nourriture pour les poulets locaux comme cela se fait avec les poulets de chair.
On note également à travers les défis majeurs, l’absence de coopératives solides ou de réseaux d’éleveurs pour structurer les ressources. La filière manque aussi d’infrastructures de transformation. Les éleveurs de la zone de Linguère déplorent la difficulté d’accès à des marchés urbains, faute de logistiques et de normes sanitaires. D’après notre interlocutrice, madame Guèye.
La concurrence des poulets congélés importés crée des problèmes aux éleveurs des poulets locaux. Cependant, ces poulets importés sont souvent subventionnés et sont moins chers que les poulets bicyclette. Cette situation pénalise les producteurs locaux.
Les consommateurs urbains sont parfois moins informés que la qualité du poulet local, du coup ils se lancent sur les poulets importés dont la chair est plus importante.Peu d’éleveurs ont aussi accès à des formations techniques sur l’alimentation, la reproduction ou la gestion sanitaire.
L’élevage des poulets locaux reste traditionnel. En effet, la méthode n’a pas connu de mutation, elle demeure échangée. Ndèye Marème Fall éleveure à Labgar » On éleve les poulets comme nos parents l’ont fait, mais aujourd’hui il faut changer. Les gens veulent des poulets bien nourris, propres, prêts à cuire. Si on avait un abattoir ou un centre de transformation, on pourrait vendre plus loin » , estime-t-elle
Abdoulaye SADIO ( Correspondant)


