Au Sénégal, plus de 50 % de la population est constituée de jeunes de moins de 18 ans. Mais, ces derniers ne sont pas bien informés sur certaines questions relatives à leur bien-être, en particulier la santé reproductive. Dans ce contexte, les organisations de la société civile, les collectivités territoriales, les entreprises, entre autres, doivent s’engager dans la mobilisation des ressources domestiques.
Malgré tous les efforts fournis pour informer et sensibiliser les adolescents(es) et les jeunes sur leur santé reproductive, les grossesses précoces et non désirées affectant cette tranche d’âge, surtout entre 15 et 16 ans, ne faiblissent pas au Sénégal. Pire, rares sont ceux qui connaissent les méthodes contraceptives. « Seulement 15 % des adolescents peuvent en énumérer trois ; ce qui veut dire que non seulement les jeunes ne sont pas informés, mais ils n’ont pas un accès facile aux services de santé de la reproduction », soutient Marième Ly, chef de projet au niveau de l’Ong Amref. Elle prenait part, le 28 novembre 2025, au panel sur : « Mobilisation des ressources en faveur de la santé reproductive des adolescents et jeunes ». C’était lors de la clôture du projet Alliance transformative exécuté par l’Ong Jeunesse et développement (Jed), en collaboration avec le Réseau Siggil Jigeen et le Raes.
À l’occasion, Mme Ly a fait la corrélation entre, par exemple, le manque d’information des jeunes filles et les taux élevés de grossesses précoces et d’avortements clandestins. Cela, dans la mesure où il est relevé que dans les prisons sénégalaises, « plus d’un tiers » des motifs d’incarcération sont dus aux infanticides. D’où l’urgence d’agir pour que les besoins des adolescents(es) et des jeunes soient couverts afin d’assurer leur bien-être. Dans ce cadre, les organisations de la société civile, les collectivités territoriales, les entreprises…ont un rôle crucial à jouer dans la mobilisation des ressources domestiques pour résorber les gaps notés çà et là. « Je pense qu’avec l’Acte III de la Décentralisation, les collectivités territoriales doivent s’engager plus et investir leurs ressources dans la santé des populations », plaide Aïssatou Ndiaye, directrice de Youth women for action (Ywa).
Raréfaction des ressources financières
Une position motivée par le contexte actuel marqué par la raréfaction des ressources financières. « Surtout avec le départ de l’Usaid qui contribuait pour beaucoup à l’amélioration de la santé des populations dans plusieurs pays dans le monde », rappelle-t-elle, soulignant l’impact négatif que l’arrêt de certains financements a sur le déroulement de plusieurs initiatives dans le domaine de la santé. « Nous avons vu beaucoup d’Ong internationales qui ont fermé leurs portes », fait savoir Mme Ndiaye qui évoque « des limites par rapport à la mobilisation des ressources ».
La directrice de Ywa ajoute qu’en tant qu’acteurs de la société civile, l’impact est ressenti « jusqu’au niveau opérationnel ». Ce faisant, il est, aujourd’hui, « quasi impossible de mettre en œuvre des activités localités, d’assurer leur régularité ainsi que le fonctionnement institutionnel des organisations », relève Aïssatou Ndiaye, invitant à œuvrer pour mobiliser davantage de ressources domestiques. Un appel qui fait écho à celui de plusieurs participants en provenance de différentes localités du pays. Ils estiment qu’il faut faire comprendre aux collectivités locales les véritables enjeux et problématiques au niveau des communautés. Il est ainsi important, selon certains, d’essayer de toucher la sensibilité des autorités sur les questions essentielles que vivent, par exemple, les filles en termes d’accès à l’information et à certains besoins comme la disponibilité des serviettes hygiéniques. Il est également nécessaire de « mettre davantage les autorités devant leurs responsabilités pour leur faire comprendre que les jeunes sont confrontés à un certain nombre de défis » auxquels il faut vite trouver des solutions.
À côté des collectivités territoriales, la directrice de Ywa renseigne qu’ils sont « dans une dynamique pour intégrer de plus en plus le secteur privé dans le financement de la santé ».
La collaboration avec les organisations qui interviennent au niveau régional est également préconisée. Cette approche peut « nous permettre de nous retrouver avec des bailleurs et de parler de mobilisation de ressources flexibles parce qu’on sait qu’en termes de financement, c’est un énorme défi ; il y a beaucoup d’exigences », expose Aïssatou Ndiaye. Selon elle, l’engagement et la mobilisation des acteurs sont nécessaires, « mais si on ne remplit pas les critères des bailleurs, il est impossible de mobiliser les ressources ».
Maïmouna GUÈYE

