Au Sénégal, la gestion des ordures ménagères constitue un problème majeur ; à Dakar surtout. Dans la capitale, l’urbanisation croissante pose de sérieux problèmes pour une gestion durable des ordures domestiques. Face à l’irrégularité des services de collecte, certains charretiers pour combler le vide, se substituent aux camions de ramassage. Ils assurent un service de collecte des déchets ménagers à domicile. Chaque jour, tôt le matin, ils font le tour des quartiers, font du porte à porte pour récupérer le contenu des poubelles qu’ils acheminent vers les dépôts d’ordures. Beaucoup de charretiers ont investi ce créneau, qui nourrit son homme. « C’est un travail fastidieux, mais qui rapporte », assure Issa Diop, originaire de Diourbel. Trapu, les cheveux en bataille et une barbe hirsute, le jeune homme, la trentaine dépassée, est dans ce métier depuis une dizaine d’années. « C’est mon père qui s’attelait à cette tâche, mais depuis que sa santé s’est fragilisée, il s’est retiré et j’ai pris le relais. Je travaille tous les jours, sauf le dimanche, et je fais plusieurs quartiers où j’ai de nombreux clients », confie-t-il. Selon lui, chaque client paie mensuellement 2.000 FCfa. « Les gains sont très importants, même si ce n’est pas tout le monde qui paie, et permettent de subvenir aux besoins de ma famille », fait-il savoir.
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Qu’il pleuve ou qu’il vente, Issa travaille du lundi au samedi. De 8 heures à 14 heures, il est au front et il ne nourrit aucun complexe dans ce travail. « C’est un métier comme les autres, un métier digne, avec ses avantages et ses risques. Tant que je ne trouve pas mieux, je continuerais ce travail qui me permet de prendre en charge ma famille », affirme-t-il, sans gêne. Ce métier, même s’il rapporte beaucoup en termes de gains, est parfois très risqué. En effet, les ramasseurs d’ordures sont en contact direct avec les déchets et l’odeur nauséabonde des ordures ; le risque des maladies est permanent. C’est ce qui explique que beaucoup de charretiers rechignent à embrasser ce métier. D’ailleurs, fait remarquer Modou Faye, ce travail est plus dévolu aux ânes qu’aux chevaux. Parce que, fait-il savoir, beaucoup de propriétaires hésitent à utiliser leurs chevaux pour ramasser des ordures. « C’est rentable économiquement, mais le ramassage des ordures est harassant. C’est un métier pénible, éprouvant. Après la collecte, il faut acheminer les déchets collectés vers le dépôt. C’est beaucoup d’efforts, donc un travail trop contraignant et parfois source de problèmes », indique Modou. Abdou Gningue abonde dans le même sens. Ce jeune homme d’à peine vingt ans jure qu’il n’utilisera jamais son cheval pour collecter des ordures. Car, indique-t-il, il y va de la santé de son cheval qui est exposé aux déchets, aux maladies. « C’est un travail qui expose ceux qui l’exercent à de nombreux risques. Non seulement ils manipulent des produits dangereux, mais ils sont aussi exposés à des poussières nocives qui peuvent impacter leur santé. Vouloir gagner de l’argent ne signifie pas sacrifier ma vie à ce point », note-t-il.
S. Oumar FALL