L’émergence des tricycles crée une concurrence directe pour les charretiers, entraînant plusieurs conséquences notamment une réduction de la demande.
Pendant longtemps, les charrettes faisaient partie du paysage, du décor des grandes agglomérations. Elles ont, de tout temps, constitué un moyen de transport des marchandises de proximité, de distribution de matériaux de construction, de ramassage et d’évacuation de déchets ménagers. Mais depuis quelques années, on note une montée en puissance des tricycles. Ces engins à trois roues qui assurent les mêmes fonctions que les charrettes ont inondé le marché, installant une concurrence parfois déloyale. Avec les jeunes qui ont jeté leur dévolu sur le tricycle, les charrettes sont-elles destinées à disparaître ? Doudou Diouf estime que non. « Le métier de charretier n’est pas menacé de disparition avec l’arrivée des tricycles. Le marché est ouvert et chacun a sa préférence », dit Doudou Diouf qui croit dur comme fer que les charrettes seront toujours indispensables. À l’en croire, ses revenus n’ont pas baissé, malgré l’apparition de ces engins. Et il ne compte pas troquer son cheval avec un engin à moteur. Même son de cloche du côté de Mbaye Diène. « Les charrettes font partie de l’identité de notre pays, elles continueront d’exister quel que soit le moyen de transport qui sera inventé. Il faut reconnaître que certains clients ont opté pour les tricycles, mais d’autres sont restés fidèles aux charrettes », se réjouit-il ; même s’il reconnaît que la concurrence a réduit drastiquement l’économie de certains charretiers. « C’est la loi du marché, la concurrence réduit toujours les marges », indique-t-il. Toutefois, note-t-il, les tricycles sont loin de sonner le glas des charretiers.
Lire aussi : Des gains réinvestis (6/8)
L’histoire de la charrette se confond avec celle de notre pays. Ce moyen de transport traditionnel a toujours existé et a accompagné les mutations de notre société. « Depuis que j’ai commencé à conduire une charrette, on annonce sa disparition. J’ai commencé à Thiès, Mbour où les autorités municipales ont, à plusieurs reprises, interdit la circulation des charrettes, avant de venir à Dakar, mais les charrettes sont toujours là. C’est un moyen de locomotion indispensable. Malgré l’émergence de nouvelles formes de transport, il y aura toujours des gens qui auront besoins de nos services », assure Khadim Nguer. Même si les défis sont nombreux avec la modernisation des moyens de transport, fait-il remarquer, les charretiers ne sont pas réfractaires au changement. Ils sont prêts à s’adapter pour préserver leur gagne-pain. Mais, précise Khadim, les charretiers veulent un changement qui assurerait la pérennité et la viabilité de leur métier ancré dans l’histoire et qui, en plus de créer des emplois, contribue directement et indirectement à l’économie du pays.
Samba Oumar FALL