Avec la raréfaction des financements des bailleurs de fonds, la lutte contre le Sida risque de connaitre des difficultés. Alors qu’on table, pour mettre fin à l’épidémie, sur 2030, les acteurs ont plaidé, hier, pour la transformation de la riposte.
Réunis, hier, au siège du Conseil national de lutte contre le sida (Cnls), les acteurs de la riposte nationale contre le Vih ont célébré la 38e Journée mondiale de lutte contre le Sida sur le thème : « Surmonter les perturbations, transformer la riposte ». Une édition marquée par un message fort : la nécessité d’un changement systémique pour maintenir les acquis et préserver un modèle reconnu en Afrique. Présidant la rencontre, au nom du ministre de la Santé et de l’Hygiène publique, Dr Samba Cor Sarr, directeur de cabinet, a rappelé que cette journée est « un moment de réflexion » face aux multiples crises qui fragilisent la lutte. Les perturbations mondiales, la baisse du financement et les inégalités constituent, selon lui, des menaces majeures. « Il s’agit de remplacer l’approche financement par une approche investissement », a-t-il insisté, plaidant pour une transformation durable fondée sur le leadership politique, le respect des droits humains et l’autonomisation des communautés.
Il a dénoncé la dépendance excessive à un seul partenaire financier, qui a déjà conduit certaines Ong à envisager de « fermer boutique ». Pour lui, l’avenir de la riposte passe par la résilience et une diversification des ressources. Malgré ces défis, le Sénégal affiche des résultats solides : 85 % des 47.710 personnes vivant avec le Vih connaissent leur statut, dont 93 % sont sous traitement antirétroviral, avec 92 % de charge virale indétectable. Des avancées obtenues grâce à la mobilisation communautaire et à l’engagement du Cnls. Dr Sarr a salué « la combattante infatigable », le Dr Safiatou Thiam, qui a su maintenir les programmes, malgré la crise. Prenant la parole, la secrétaire exécutive du Cnls a confirmé l’ampleur des chocs subis ces dernières années.
« Nous avons traversé énormément d’épisodes difficiles où le système était secoué de tous les côtés. Deux épidémies en même temps, et nous sommes restés debout », a rappelé Dr Thiam. Le retrait brutal d’un bailleur majeur a failli provoquer l’arrêt de plusieurs activités, mais le Cnls a pu mobiliser des ressources d’appoint pour maintenir les équipes et poursuivre les interventions essentielles. Elle a appelé à renforcer le système de santé et a sollicité l’appui de l’Assemblée nationale dans cette bataille. Elle a également exhorté l’ensemble des acteurs à s’approprier le thème de l’année et à poursuivre l’ambition d’un Sénégal sans sida à l’horizon 2030. Ainsi, Dr Thiam a appelé à une mobilisation collective. « Tous engagés pour mettre fin au sida », a-t-elle lancé, réaffirmant que la riposte doit désormais devenir un levier de développement social et économique.
Babacar Guèye DIOP

