Epine dorsale de la logistique informelle, les charretiers travaillent sans relâche, souvent dans des conditions difficiles, confrontés à des exigences physiques, de longues heures et aux défis de l’environnement urbain encombré, souvent non pavé.
À Dakar, l’exode rural n’est pas un phénomène nouveau. Avec le chômage chronique qui étend chaque année ses tentacules, beaucoup de jeunes ruraux, dans l’espoir d’améliorer leur niveau de vie, ont quitté leurs villages pour rallier la capitale. Ils viennent grossir le rang des chômeurs. L’emploi n’étant pas garanti et n’ayant pas certaines qualifications, d’aucuns ont été obligés de se rabattre sur des activités informelles pour gagner leur vie. Certains ont embrassé le métier de charretier ; un métier qui génère des revenus. Ils travaillent parfois pour leur propre compte, pour des quincailleries et des magasins de matériaux de construction, mais aussi de grands commerçants. Chez d’autres, le métier de charretier est une tradition familiale. Dans les marchés ou autres espaces commerciaux, la présence des charrettes tractées par des chevaux est très remarquée. Avec leurs moyens de transport, les charretiers, grâce à l’acheminement de divers produits, servent de relais entre les grossistes et demi-grossistes et les boutiquiers détaillants. D’autres sillonnent les quartiers pour offrir divers services. Et chacun y trouve son compte. Pour de nombreux jeunes ruraux, ce métier informel, qui participe activement à la vie économique, est devenu leur gagne-pain. Ce n’est pas seulement un moyen de transport ; c’est aussi un pilier central de leur économie familiale. « C’est un métier comme tous les autres, une opportunité de gagner dignement notre vie », déclare Ngagne Demba, charretier au marché de Rufisque. Pour un travail de six jours par semaine, explique ce Thiessois, une charrette peut générer un gain de 30.000 FCfa voire même plus. Cependant, précise-t-il, une bonne partie de ces gains est consacrée à l’alimentation du cheval.
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« Les frais sont nombreux. Le cheval doit bien manger pour pouvoir supporter le travail, qui est pénible. Le cheval est un vrai compagnon qui demande une attention particulière. En plus de le nourrir, il faut le laver, le ferrer, le soigner », argumente-t-il. « Avec toutes ces charges, parce qu’en plus de ces dépenses, il faut envoyer de l’argent aux parents, il faut serrer la ceinture pour s’en sortir », ajoute-t-il.
Pour Ablaye Diouf, le métier de charretier est une alternative à la crise de l’emploi ; même s’il reconnaît que ce travail n’est pas de tout repos. En effet, renseigne-t-il, beaucoup de ses collègues subissent fréquemment l’hostilité des automobilistes et des forces de sécurité, mais ils font preuve de résilience. « Face à ces inimitiés qui brisent leur élan, beaucoup des charretiers ont préféré migrer vers la maçonnerie, le commerce et même la conduite de motos Jakarta qu’ils jugent plus avantageux », fait-il savoir.
Par Samba Oumar FALL