Comme les bergers qui, après des mois de transhumance, retournent dans leurs patelins avec l’arrivée de l’hivernage, les charretiers font partie des saisonniers qui prennent le chemin du retour après des mois de labeur. Soit pendant la saison des pluies soit à la veille des fêtes religieuses. « Nous sommes pour la plupart des cultivateurs et quand arrive la saison des pluies, nous retournons au village pour aider dans les travaux champêtres. C’est une tradition. L’agriculture nous permet de vivre et nos parents n’ont plus la force d’aller au champ, donc il ne sert à rien de rester en ville à se tourner les pouces, surtout que le travail est au ralenti avec l’hivernage, alors qu’il y a des tâches au village », explique Baye Sarr, originaire de Lambaye, dans le département de Bambey. « Nous y restons jusqu’après les récoltes pour revenir et reprendre nos activités », précise-t-il. Après une longue absence, ce retour est une occasion pour se reconnecter à leurs racines. Et aussi de permettre à leurs bêtes de reprendre des forces. Le Gamou, le Magal, la Tabaski sont aussi des occasions pour beaucoup de charretiers de rentrer et vivre ces évènement avec leurs proches. Ameth Ndiaye n’a raté aucun Gamou depuis qu’il a mis les pieds à Dakar, en 2017, dans la quête d’une vie meilleure. « Chaque année, à l’approche du Gamou, je retourne à Tivaouane pour passer la fête avec mes proches. C’est un événement que je ne peux pas rater. Même si j’étais hors du pays, j’allais revenir uniquement pour la célébration de la naissance du Sceau des prophètes », indique-t-il, non sans préciser qu’il fait le trajet Dakar-Tivaouane, à l’aller comme au retour, à charrette. « Beaucoup de charretiers qui sont à Dakar rallient Tivaouane avec leurs charrettes. C’est un moyen de transport, même s’il n’est pas aussi rapide que les voitures », informe-t-il. Un trajet qu’ils parcourent parfois en dix heures, voire plus. Le voyage, explique-t-il, se passe dans une belle ambiance puisqu’ils se déplacent en groupe, le soir. D’autres, après avoir découvert les merveilles de la capitale, hésitent à revenir ou ne reviennent plus.
S. Oumar FALL