Si le travail de charretier est essentiel, beaucoup, sinon la plupart, aspirent à se reconvertir à d’autres professions jugées moins pénibles.
À défaut de trouver un travail considéré comme plus « décent », beaucoup de charretiers gagnent leur vie à la sueur de leur front. Difficilement. Mais cela ne les empêche pas d’avoir des ambitions. De grandes ambitions. Ils rêvent de fonder une famille, d’avoir de belles maisons et de subvenir aux besoins de leurs proches, sans avoir à trimer sous le chaud soleil. « Quand on travaille, c’est pour réussir et au Sénégal, pour réussir, il faut beaucoup suer », soutient Daouda Ndoye. Mais le métier de charretier permet-il de faire fortune ? Non, estime-t-il, reconnaissant tout de même qu’il ouvre parfois des portes et offre des opportunités. « J’ai beaucoup d’amis qui ont commencé par ce métier et qui, aujourd’hui ont leur propre business. Certains ont leur boutique, d’autres ont investi dans le transport, le maraîchage, la quincaillerie et d’autres projets », explique-t-il.
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Les plus ambitieux, fait-il savoir, tentent l’émigration via les pirogues, tandis que d’autres se tournent vers le commerce et d’autres activités lucratives. « J’en connais quelques-uns qui ont thésaurisé beaucoup d’argent pour pouvoir se payer un voyage via les embarcations et beaucoup d’autres qui n’attendent qu’une opportunité pour prendre la tangente. Il est vrai qu’il y a des risques énormes, mais dans la vie, il faut toujours tenter sa chance », affirme Ndiaga Sèye. Est-il prêt à risquer sa vie pour tenter l’aventure comme beaucoup de jeunes qui ont bravé l’océan ? Que nenni ! Mais d’autres le sont, assure-t-il. « C’est un phénomène qui ne laisse pas indifférent les jeunes qui rêvent tous de partir », dit-il. Ibrahima Ngom, un des leurs a pris le risque après des mois de privation. « Il est parti depuis six mois, mais on n’a plus de nouvelles de lui », renseigne-t-il. Il a passé des années à transporter de la marchandise et a beaucoup économisé. À la première occasion, il est parti, sans prévenir. « Il avait toujours l’ambition de partir loin d’ici. Il disait toujours que si une bonne occasion se présentait, il la saisirait », fait remarquer Ndiaga Sèye qui voit son avenir au Sénégal. Cependant, il caresse depuis belle lurette le rêve de sortir de ce carcan. C’est aussi le doux rêve d’Abdou Faye. Chaque jour, il met 2500 ou 3000 francs de côté pour investir dans un projet. « Je veux me lancer dans l’aviculture, mais je n’ai pas assez de moyens pour réaliser mon projet. Avec mes maigres économies, j’espère que d’ici une année ou deux, je pourrais démarrer quelque chose », indique-t-il. Ses parents, renseigne-t-il, ont des terres à Gossas et avec le peu de moyens, il pourra investir dans l’élevage de volaille.
S. Oumar FALL