À 39 ans, le professeur assimilé des universités incarne une nouvelle génération de cadres sénégalais, alliant excellence académique, engagement citoyen et vision patriotique. À la tête du conseil d’administration du groupe Pétrosen, Joseph Sambassène Diatta entend impulser une souveraineté totale du Sénégal sur ses ressources pétrolières et gazières. Retour sur le parcours d’un homme façonné par la discipline, la conviction et l’amour de son terroir.
Professeur assimilé des universités, Joseph Sambassène Diatta dirige, depuis juillet 2025, l’organe délibérant du groupe Pétrosen, à savoir Pétrosen Holding et ses deux filiales, Pétrosen Exploration & Production et Pétrosen Trading & Services. À 39 ans, ce natif de Diémbéring, dans le département d’Oussouye, est décrit comme un intellectuel attaché à ses racines, un militant de Pastef profondément engagé et un collaborateur d’une rigueur rare. Son ambition : bâtir la souveraineté nationale sur toute la chaîne de valeur des hydrocarbures.
Son parcours scolaire s’amorce dans l’effort et le dépassement de soi. Après un certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) obtenu dans son village, il rejoint Ziguinchor pour intégrer le Séminaire Saint-Louis puis le Séminaire Notre-Dame. « Mes premières semaines étaient difficiles. Je croyais avoir un bon niveau puisque j’étais parmi les premiers au primaire. Mais les premiers devoirs m’ont permis de me rendre compte que j’étais encore loin des exigences du séminaire », se souvient-il. Face à la difficulté, il adopte une discipline de fer. « Je n’ai jamais voulu être dans le peloton des derniers et j’avais aussi à cœur de ne pas décevoir mes parents. Je me suis battu pour relever la pente. Ce cap, je l’ai maintenu jusqu’au bac », ajoute-t-il.
Une ascension portée par l’orgueil de réussir
Une détermination qu’il transporte ensuite à Clermont-Ferrand, La Rochelle et Toulouse, où il décroche son doctorat. Son surnom, Sambassène, « la force qui parle », est hérité de son grand-père paternel, Joseph Diatta. « C’est d’ailleurs la raison pour laquelle on l’appelle Fafa, qui veut dire Papa parce que notre père évitait de l’appeler Joseph, en signe de respect pour notre grand-père », explique son frère Jean Siboundo Diatta.
À la fin de ses études, il choisit de revenir au Sénégal, précisément à l’Université Assane Seck de Ziguinchor. Un choix réfléchi. « Revenir au Sénégal, particulièrement dans ma région d’origine, est pour moi un moyen de rendre à ma nation et à ma région ce qu’elles m’ont donné », soutient le jeune Pca de Pétrosen Holding. Pour lui, l’éducation est un levier de transformation. « Moi, j’ajouterai que l’éducation, c’est notre meilleure arme pour transformer qualitativement ce pays et contribuer à éradiquer la pauvreté, l’ignorance et l’injustice sociale », philosophe-t-il. C’est dans ce cadre qu’il ne cesse d’accompagner des élèves du département d’Oussouye dans leur orientation scientifique. « Il accompagne beaucoup les enfants qui ont des aptitudes dans les matières scientifiques. Pour d’autres, il les héberge chez lui à Ziguinchor », témoigne le Dr Jules Sagna.
Un engagement politique né de l’injustice
C’est aux États-Unis que Joseph Sambassène Diatta découvre l’engagement politique qui l’anime aujourd’hui. « Avec le décalage horaire, je me concentrais sur les discours de Ousmane Sonko. Des fois, je passais une bonne partie de la nuit à écouter et à réécouter pour trouver des failles », confie-t-il. Convaincu, il adhère à Pastef dès 2017. Son rapport à l’injustice vient de loin : son père et son oncle, proches de Laye Diop Diatta, furent emprisonnés dans les années 1990. « Cette étape a fait germer chez l’actuel Pca de Pétrosen la phobie de l’injustice », rappelle un proche. « Il est par moments têtu. Fafa est presque impossible à dévier s’il croit que ce qu’il défend est juste », témoigne son ami d’enfance César Mané.
Malgré son parcours académique et professionnel, Sambassène reste profondément enraciné dans la culture ajamat. Il a effectué le Bukut en 2000, gardé les bœufs, cultivé le riz, pratiqué la lutte traditionnelle. « Je me rappelle même de sa dernière victoire. C’était en 2011 », raconte César Mané. Sa foi occupe également une place centrale dans sa vie. « Même quand il se couche tard le samedi, le dimanche il s’arrange pour aller à la messe », témoigne un paroissien de Saint-Benoît de Néma. Une discipline inculquée dès l’enfance. « Si nous manquions la messe du dimanche, nous étions privés du festin familial », confie son frère Jean Siboundo.
La rigueur comme méthode
Au sein de l’université comme dans ses autres responsabilités, sa rigueur fait l’unanimité. « Dès qu’il entre dans la salle, c’est un autre visage, c’est le sérieux », explique le doctorant Pierre Malang Sadio. « Les compétences de Joseph Diatta ne sont plus à démontrer. Il continue d’encadrer ses étudiants malgré sa nomination », renchérit le professeur Moustapha Thiam. Cette exigence transparaît également dans son engagement politique. « Il tient à ce que toutes les stratégies soient méticuleusement élaborées et bien respectées. Fafa insiste beaucoup sur le respect de l’heure et sur la transparence », souligne Édouard Kotimagne Diatta.
Nommé le 18 juillet 2024 à la tête du conseil d’administration de Pétrosen, il en mesure l’enjeu. « C’est une mission très exigeante qu’il faut aborder avec beaucoup de lucidité et de patriotisme », dit-il. Ses collaborateurs saluent son dynamisme. « Depuis qu’il est là, il a pris plusieurs initiatives. Il a une générosité professionnelle qui lui permet d’associer ses collaborateurs », note Amadou Traoré. Face aux défis, il mise sur l’innovation et l’implication du secteur privé national. « On ne peut pas nous émanciper de l’expertise étrangère », prévient-il. Pour lui, tout commence par la formation. « Il nous faut miser sur la formation et le capital humain ». C’est pourquoi il prône l’émergence de champions nationaux. « Si nous parvenons à opérer nous-mêmes nos champs, les ressources générées vont exclusivement profiter à notre pays », analyse le Pca de Pétrosen Holding. Et il conclut avec détermination : « ce combat, j’en ferai mien tant que je suis à la tête du conseil d’administration de Pétrosen. Nous arriverons à faire des bonds significatifs au bénéfice du Sénégal et des Sénégalais ».
Par Kathafa B-H-M KANFOUDY (Correspondant à Oussouye)

