L’opposant a rendu l’âme dans la nuit du dimanche 30 novembre au lundi 1er décembre au Centre médical de la Gendarmerie nationale à Yaoundé. Arrêté le 24 octobre dernier à son domicile de Douala, il était détenu au très redouté Secrétariat d’État à la Défense (SED).
Selon son conseil, Me Emmanuel Simh, ce décès est la conséquence directe d’une négligence coupable. « L’état de santé précaire d’Anicet Ekane était bien connu », a martelé l’avocat, précisant que son client souffrait de graves troubles respiratoires et cardiaques. La défense affirme avoir formulé plusieurs demandes d’évacuation sanitaire vers un hôpital disposant d’un plateau technique adéquat, demandes restées lettre morte auprès des autorités judiciaires et militaires.
Un contexte post-électoral explosif La mort d’Anicet Ekane intervient dans un climat politique extrêmement tendu au Cameroun. Son arrestation, fin octobre, avait eu lieu au lendemain d’une élection présidentielle contestée. Bien que le Conseil constitutionnel ait déclaré le président sortant Paul Biya vainqueur, l’opposition, dont une partie s’était ralliée derrière la candidature d’Issa Tchiroma Bakary (soutenu in fine par le MANIDEM), continue de revendiquer la victoire.
Anicet Ekane, vétéran des luttes démocratiques des années 1990 (« années de braise »), avait pris une position forte durant cette crise, n’hésitant pas à appeler à la mobilisation populaire contre ce qu’il qualifiait de « hold-up électoral ».
Réactions en chaîne Pour l’heure, le gouvernement n’a pas communiqué officiellement sur les causes du décès. Une autopsie devrait être pratiquée, mais l’opposition crie déjà au « crime d’État ». Sur les réseaux sociaux, les hommages affluent, saluant la mémoire d’un homme qui aura consacré sa vie au militantisme politique, de l’UPC au MANIDEM.

