Au lendemain de la fixation du prix du kilogramme d’arachide à 305 FCfa, des acteurs de la filière sont partagés entre inquiétude et optimisme.
En direction du 5 décembre 2024, date de démarrage de la campagne de commercialisation agricole, le Premier ministre a annoncé, mardi 26 novembre, le prix plancher du kilogramme d’arachide fixé à 305 FCfa. Joint hier, Sidy Ba, secrétaire général du Cadre de concertations des producteurs agricoles (Ccpa), a marqué sa surprise et ses in quiétudes. M. Ba, par ailleurs porte-parole du Cadre national de concertations des ruraux (Cncr), a indiqué d’emblée que ses propos n’engagent pas le Cncr qui, selon lui, n’a pas en core donné une position officielle. « Cette année, nous avons un grand problème de non-produc tion. Les rendements de l’ara chide vont être très faibles et sont déjà très faibles », a-t-il in troduit, saluant au passage les différentes mesures des nou velles autorités dans le secteur depuis leur installation.
Le secrétaire général de la Ccpa es pérait que le prix plancher allait être plus important pour que le paysan puisse vendre le kilo gramme à 350, voire 500 FCfa. « Il doit aussi avoir assez de res sources pour obtenir des se mences pour l’année prochaine. Si on fixe le prix à 305 FCfa et on bloque les exportations, cela peut être une source d’inquié tudes », a-t-il souligné. Sidy Ba signale que chez les huiliers, la principale usine, à savoir la Sonacos, a des capaci tés fortement réduites. « Toutes les graines qu’elle avait achetées l’année dernière, à Kaolack, sont encore bâchées devant ses uni tés de transformation qui sont vieillissantes. Une usine qui a un problème de transformer les graines de l’année dernière et qu’on demande encore de pren dre d’autres tonnages, est-ce qu’elle a les moyens de le faire ? », s’est-il interrogé.
Pourtant, Habib Thiam, pré sident du Collectif des produc teurs et exportateurs de graines d’arachide, estime que le carac tère plancher du prix « va faire bénéficier aux producteurs des revenus beaucoup plus consé quents ». D’après lui, la priorité, c’est la sécurisation des se mences certifiées, ensuite l’ap provisionnement des huiliers et, enfin, voir avec les exportations. « Avec le prix mondial qui fluc tue, il arrivera un moment où les exportations seront plus compétitives sur le marché. Je pense qu’il y a des perspectives positives. Le marché de l’huile est en chute libre sur le plan mondial alors que celui des graines d’arachide entière est en hausse », a-t-il relevé.
Quid des exportations qui ne sont pas, pour le moment, d’ac tualité ? Sidy Ba qualifie de « pré maturée » la mesure d’interdic tion. « Les exportateurs nous aident à gagner mieux en payant des prix décents », a-t-il fait re marquer. Mais, Habib Thiam considère que la mesure dépend de la situation sur le plan natio nal. « On a priorisé les différents maillons de la commercialisa tion. Cela ne veut pas dire qu’on a gelé les exportations. La prio rité constitue les semences et la collecte des huiliers aux dépens des exportations. Mais, si le quota est atteint, on va ouvrir les exportations », a analysé M. Thiam. Nous avons tenté de join dre le directeur général de la So nacos, Elhadji Ndane Diagne, qui a avancé être en réunion de Conseil d’administration toute la journée.
Babacar Guèye DIOP