Le temps d’un week-end, du 10 au 12 octobre, la 4e édition du Salon du livre féminin de Dakar a sonné les prémices du 1er Forum du livre et de la lecture. Au-delà des préoccupations au sujet des auteures femmes, ce rendez-vous littéraire a considérablement examiné les enjeux et ambitions du livre.
Jeudi dernier, présidant l’ouverture du 1er Forum du livre et de la lecture, le chef de l’Etat, Bassirou Diomaye Faye soulignait que, pour l’écrivain.e, « chaque mot est un acte de résistance contre la résistance et la part sombre du monde ». Quelques jours auparavant, du 10 au 12 octobre, la 4e édition du Salon du livre féminin de Dakar avait choisi « Résistances » comme le thème principal de ses débats. La promotrice de ce festival littéraire abonde dans le même esprit que le président de la République, en marquant la littérature comme un acte révolutionnaire contre les incuries.
« Résistance a plusieurs résonnances. Résister, c’est, pour les écrivaines et les artistes créatrices, affirmer notre droit à exister pleinement dans des espaces qui ne nous sont pas toujours ouverts. Résister, c’est écrire quand on nous demande de nous taire, c’est publier quand on nous invisibilise, c’est créer quand on nous restreint dans des rôles figés », professe l’écrivaine, scénariste et entrepreneure culturelle, Amina Seck. Elle affirme que résister est une manière de construire et prolonger le rêve et les voies nouvelles. Ce, malgré les obstacles « dans un pays où la culture peine encore à être reconnue comme un secteur vital ».
Parce qu’Amina Seck considère la littérature est un lieu de liberté et de construction de l’avenir, Amina Seck et sa structure Cultur’Elles annoncent déjà leurs rendez-vous de 2026. Il s’agira du Symposium international sur la représentation et la représentativité des femmes dans les arts, ainsi qu’une série de formations intitulée « Femmes, Arts et Intelligence artificielle ». La prise en compte des nouvelles technologies part de l’impérative volonté de mieux outiller les créatrices face aux défis et aux opportunités du numérique.
L’intelligence artificielle figurait d’ailleurs dans les sessions de cette édition, intégrant l’espace de réflexion et de formation. Le Salon du livre féminin perçoit que les écrivaines doivent assimiler l’intelligence artificielle, car cette technologie a transformé toute la chaîne du livre (création, édition, traduction, diffusion, etc.). « Il est vital qu’écrivains, acteurs et éditeurs africains s’en saisissent comme un outil de création, d’innovation et d’expansion », croit Amina Seck. Il était aussi question dans la programmation du salon, d’aborder la littérature comme soft power, en ce qu’elle est « une arme douce mais puissante pour affirmer notre place dans le monde ». Marchant avant l’heure sur le propos du Forum du livre et de la lecture, le Salon du livre féminin discutait déjà du livre comme un support stratégique pour bâtir une souveraineté culturelle, au cœur des industries culturelles et créatives.
Les panélistes ont aussi débattu de la nécessité du financement et de l’accompagnement des projets littéraires, de soutenir concrètement la création. Les participants ont évidemment insisté sur l’implication des jeunes dans les instances décisionnelles, et sur l’importance d’établir des rencontres inclusives où les femmes auront pleinement voix au chapitre dans l’avenir de l’industrie du livre.
Mamadou Oumar KAMARA