Avec son roman « À l’orée du trépas », publié en 2018 aux Éditions L’Harmattan, l’auteur Khalil Diallo propose à ses lecteurs une œuvre marquée par le chaos, l’amour, la misère, le désespoir et l’espérance. L’écrivain y explore la condition humaine tout en abordant des thèmes contemporains tels que l’obscurantisme religieux et l’immigration.
Des phrases ciselées, des mots savamment dosés pour traduire le chaos intérieur du personnage principal… Avec « À l’orée du trépas », l’écrivain sénégalais Khalil Diallo réussit une mise en scène saisissante de la condition humaine. Souffrance, espoir, mort, amour… Les forces inhérentes à l’existence de l’homme traversent tout le récit de cette fiction bouleversante.
Paru en 2018 aux Éditions L’Harmattan, le roman puise dans une âme ténébreuse pour raconter une histoire dont la trame tient le lecteur en haleine jusqu’à la dernière page. Ismaïla perd très tôt sa mère, qui l’a élevé avec tendresse et attention. Sa disparition précoce marque pour lui le début d’un véritable naufrage intérieur, un périple infernal que même sa rencontre, plus tard, avec la belle Amina ne parviendra pas à interrompre. Dans ce récit poignant, Khalil Diallo met en lumière la précarité de l’existence humaine face aux caprices du destin. Certaines vies semblent inéluctablement vouées au chaos, prisonnières d’une fatalité qui leur refuse toute possibilité de bonheur. C’est le cas d’Ismaïla, ce poète qui ne s’est jamais remis de la perte précoce de sa mère bien-aimée. Incapable de faire son deuil, il erre sans but, consumé par l’incertitude et le désespoir, au point de croire que la vie elle-même a perdu tout son sens.
Le jeune homme n’a jamais connu l’affection de son père, qu’il tient pour responsable de tous ses malheurs. Baye Mor, l’imam du village, avait rendu la vie si difficile à sa mère qu’Ismaïla le désigne comme le principal responsable de sa mort. Cette rancune détruit toute relation entre père et fils, au point de contraindre Ismaïla à quitter la maison familiale pour tenter une nouvelle vie en ville. La réconciliation n’interviendra que sur le lit de mort du papa.
Après la disparition de ses deux parents, Ismaïla se retrouve seul au monde. Le réconfort apporté par ses amis n’a jamais suffi à apaiser sa douleur. Il continue à mener une existence « fauchée par la marche du temps ».
Une vie morne
Sa rencontre fortuite, dans une boîte de nuit, avec la jolie Amina va pourtant illuminer de nouveau son existence. Cette « perle rare venue du Canada » redonne goût à la vie d’Ismaïla, jusque-là déchirée par le malheur. En elle, il voyait une créature pour qui « on livrerait mille batailles, sacrifierait une cité. Une reine pour qui mourrait volontiers une horde de princes ». Les deux jeunes filent le parfait amour jusqu’au jour où la jeune femme décide de rentrer au pays, renonçant à l’amour et aux soirées d’été sur les terrasses aux ambiances orientales de Dakar. Mais son vol est victime d’un accident aérien, provoqué par un attentat revendiqué par une cellule extrémiste active en Afrique de l’Ouest. Amina ne reverra plus « l’amour de sa vie ». Pour Ismaïla, c’est un nouveau coup dur. Un revers de plus dans une existence qui refusait de lui tendre les bras. Incapable de goûter longtemps au bonheur, car tous ceux qu’il aime finissent par mourir, il se lasse de cette vie étouffante où chaque lever de soleil surgit avec son lot de détresse. Déterminé à se venger de cette « existence morne résumée à subir les aléas du sort, il choisit la voie de l’extrémisme religieux, rejoignant des cellules kamikazes opérant dans la région ». La suite ne sera qu’une tragédie.« À l’orée du trépas » de Khalil Diallo est une œuvre traversée par le chaos, l’amour, la misère, le désespoir, mais aussi l’espérance. Dans cette œuvre, l’auteur interroge la condition humaine tout en abordant des thématiques d’actualité comme l’obscurantisme religieux et l’immigration. Ces deux fléaux minent la jeunesse africaine. Khalil Diallo sensibilise ainsi ses lecteurs sur des phénomènes qui touchent durement le continent. Son œuvre est aussi un chant d’espoir face aux âmes tourmentées par la déchéance. Né en Mauritanie, l’auteur sénégalais Khalil Diallo est passionné de littérature. « À l’orée du trépas » est son premier roman, après la publication de son recueil de poèmes « Chœur à cœur », également paru aux Éditions L’Harmattan.
Ibrahima BA