Il n’y a pas que les amphithéâtres pour dire l’Histoire. Cette matière peut aussi se dire devant les caméras et dans un documentaire. M. Abdarahmane Ngaïdé a vécu l’expérience, qu’il trouve enrichissante. « Je peux avouer aujourd’hui que Pape Alioune et l’équipe technique m’ont appris beaucoup de choses », dit-il.
L’expérience est enrichissante et ouvre un nouvel horizon devant l’enseignant-chercheur sénégalo-mauritanien. « Je crois que le documentaire est un support didactique et pédagogique extrêmement important qui peut circuler dans l’ensemble d’un pays. Il suffit de rassembler deux individus dans une salle pour qu’on suive. C’est facile ce que je dis, mais je crois que le documentaire porte en lui quelque chose qui va au-delà de ce que moi j’avais l’habitude de faire ».
Ce que lui avait l’habitude de faire : « écrire de longs articles de vingt pages, truffés de paradigmes incompréhensibles, alors que dans un film je suis naturel. Mais je suis toujours historien. Parce que le travail que nous avons fait, c’est un travail de mémoire. Ce n’est pas un rappel historique. Nous l’avons fait pour accéder directement à la leçon. La leçon c’est quoi ? C’est revenir à notre humanité ».
Après vingt ans de service, M. Ngaïdé se dirige vers la retraite. Mais, ce ne sera pas pour devenir inactif. « Il faut que je me reconstruise, que j’aie d’autres moyens pour servir davantage la population », parce qu’« une retraite n’a de sens que quand on capitalise l’expérience et qu’on la diffuse, pas pour se faire voir, mais pour donner la chance à ceux qui arrivent de s’ouvrir de nouvelles perspectives ».
Pour lui en tout cas, il y a la perspective documentaire et le choix porté sur sa personne lui va droit au cœur. Ce que ça crée comme sentiment ? « Je ne l’explique, parce qu’en réalité, à partir d’aujourd’hui et pour toujours, j’ai un poids, que je ne dois pas justifier, mais assumer, pour que ma vie ait un sens ». « Ejo Tey » a déjà grandement participé à cette quête de sens du pèlerin à lunettes blanches. Monsieur Ngaïdé : « J’ai l’habitude de dire que je n’étais pas venu en 1989 pour profiter de la Téranga, mais pour pouvoir devenir producteur de Téranga. Pour être producteur de Téranga, il faut être au profond de la culture qui t’a accueilli. Et je crois que ce film est l’achèvement de ma dissolution définitive dans la société sénégalaise ».
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Moussa SECK