Figure incontournable de l’humour sénégalais, Abdel Kader Diarra, alias « Pichinini », fait rire depuis plus de deux décennies. Acteur, metteur en scène et pédagogue, l’acteur culte de la série « Bété Bété » a su imposer un style unique, mêlant tradition, autodérision et finesse.
La bonhomie de Abdel Kader Diarra, plus connu sous le surnom de « Pichinini », frappe dès le premier regard. Teint clair, silhouette imposante, sourire généreux, l’artiste dégage une joie de vivre communicative. Difficile de ne pas esquisser un sourire en croisant ce visage familier du petit écran. Depuis plus de vingt ans, ce comédien à l’humour fin fait rire petits et grands, sur scène comme à la télévision.
Il est difficile de ne pas penser à Bocar Kane, le personnage culte de la série »Bété Bété ». Dans ce rôle, il incarne un père de famille halpulaar profondément enraciné dans ses traditions, plein d’humour. « Je me suis vraiment mis dans la peau d’un francenabé vivant avec une femme conservatrice et très attachée à nos coutumes », confie-t-il. Un défi relevé avec brio par cet acteur caméléon.
Acteur, mais aussi chanteur, Abdel Kader Diarra a su marquer les esprits à travers une chanson devenue culte. Qui n’a pas fredonné en boucle : « Papa ñama pichinini ko ! Pichinini ! Pichinini ! Pichinini ko ! » ? Cette ritournelle, tirée d’un sketch des années 2000, est entrée dans la mémoire collective. À l’époque, le Sénégal venait de se qualifier pour la Coupe du monde. Abdel Kader, flairant l’opportunité, décide d’intégrer cet événement dans son spectacle, imitant avec humour l’école japonaise. Cela fait mouche et donne naissance à un tube improvisé, qui traverse les générations. « Vingt-cinq ans après, cette chanson me suit encore », sourit-il.
Un parcours construit avec rigueur
Faire rire est un don, mais aussi un art qui se travaille. C’est du moins la conviction d’Abdel Kader Diarra. « La passion ne suffit pas », insiste-t-il. L’artiste a été à la section art dramatique de l’École nationale des arts (ENA), d’où il sort diplômé en 1997, avec l’humour pour spécialité. « J’ai pris le temps de me former. J’ai fait quatre ans de theatre et je maîtrise tous les styles . Je peux faire rire, comme je peux faire pleurer », affirme-t-il avec assurance.
Son diplôme en poche, l’artiste rejoint la troupe « Les 7 Kouss », avec laquelle il sillonne les festivals à travers le monde. « Nous avons marqué le théâtre africain », dit-il, ému par les souvenirs de cette aventure collective.
Mais très vite, l’artiste se lance en solo. Stand-up, spectacles éducatifs, chansons pour enfants, il multiplie les formats, toujours avec la même envie de faire rire sans jamais blesser. Pour lui, l’humour doit être un espace bienveillant. « On peut faire rire sans vexer, sans rabaisser l’autre. C’est ce dont nous avons besoin aujourd’hui. Mais pour cela, il faut de la formation. C’est à ce prix que l’humour pourra être reconnu comme une vraie profession », défend-il.
Acteur, metteur en scène, professeur d’art dramatique, mais surtout humoriste dans l’âme, Abdel Kader Diarra continue de semer le rire là où il passe avec élégance, et beaucoup de cœur.
Arame NDIAYE