Artiste, professeur d’éducation artistique et fondateur du collectif AFRIKAM, Abdou Karim Diop (alias Nittu Deug) a publié Mbatit’UP, un livre-album qui documente et célèbre les cultures urbaines sénégalaises. Dans cet entretien, il revient sur ce projet qui se veut à la fois archive, manifeste visuel et outil pédagogique pour valoriser des formes artistiques souvent invisibilisées.
D’où vous est venue l’idée de « Mbatit’up »
A l’origine, le mot « Mbatit » nous a été transmis par notre mentor, le Dr Massamba Guèye .C’est une expression wolof chargée de vibrations et elle est devenue pour nous un repère, un souffle et une direction. Mbatit s’est transformé en projet : un mouvement et une brique pour raconter nos cultures. Et l’idée est venue du désir de laisser une trace, une archive sensible et visuelle qui rassemble œuvres, visages et moments de création. Mbatit’UP n’est pas seulement un livre-objet, c’est un manifeste et un outil pour faire du bitume un lieu de mémoire et des murs des toiles à travers notre collectif AFRIKAM.
Quelle est justement l‘histoire derrière ce collectif ?
Tout a commencé en 2018, à la section Métiers des Arts et de la Culture de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, au Sénégal. AFRIKAM est née de la volonté d’une jeunesse consciente, issue du monde universitaire, de créer un cadre structuré et indépendant au service de la création, de la mémoire et de l’expression culturelle. Elle a pour mission principale de promouvoir, développer les cultures urbaines et soutenir les industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique et dans ses diasporas.
Elle place la création artistique, la valorisation du patrimoine, la transmission des savoirs et le développement communautaire au cœur de son action. Convaincue que la culture est un pilier fondamental du développement durable, AFRIKAM agit pour faire émerger des écosystèmes culturels solides, inclusifs, innovants et économiquement viables.Et ce livre-album fait partie des réalisations si chères à AFRIKAM.
Pourquoi c’était si important pour vous de le présenter au lecteur?
Présenter Mbatit’UP au public, c’est bien plus que montrer un livre : c’est partager une vision, rendre hommage et créer un lien vivant entre l’art et les gens.Ce projet me tient à cœur parce qu’il raconte des histoires invisibles, des luttes silencieuses, des créations puissantes nées dans la rue, sur les murs, dans les regards et dans les voix. Mbatit’UP, c’est un cri d’amour pour nos cultures urbaines.
C’est un acte de mémoire, une trace que je veux poser avec sincérité et fierté. Le public mérite de voir, de comprendre, de ressentir ce que ce projet porte : des identités en construction, des talents bruts, des récits d’élévation dans un monde souvent marqué par l’oubli ou l’exclusion. Je présente ce livre pour inspirer, reconnaître, rassembler. Parce que ce que l’on ne montre pas disparaît. Et ce que l’on partage, s’ancre, grandit, et fait vibrer.
Qu’est-ce qu’il peut retrouver dans ce livre-album ?
Le livre-album Mbatit’UP est un voyage au cœur des cultures urbaines. En le lisant, on découvre des photos fortes, des œuvres d’art, des moments capturés sur le terrain, mais aussi des textes qui parlent de la rue, de la création, de la mémoire et de l’identité.
C’est un livre qui rassemble des images, des mots, des visages et des histoires vraies. On y retrouve des artistes, des jeunes, des voix qu’on entend peu, mais qui ont beaucoup à dire.
Mbatit’UP, c’est un mélange d’art, de témoignages et d’émotions. Un livre pour voir, sentir et comprendre la richesse des arts, de la culture et des cultures urbaines.
Propos recueillis par Arame NDIAYE