Personnage phare du long métrage de fiction « Demba » du réalisateur sénégalais Mamadou Dia, en lice pour l’Étalon d’or pour le prochain Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), l’actrice Aïcha Talla est une belle promesse pour le cinéma sénégalais. Originaire de Matam où elle vit, la jeune dame ambitionne de faire une belle carrière dans le septième art.
Noirceur d’ébène, regard lumineux, Aïcha Talla rappelle cette femme noire immortalisée avec amour et délicatesse par le poète Léopold Sédar Senghor dans « chants d’ombre ». Aujourd’hui, elle se présente comme une valeur montante du petit écran. Dans sa première apparition au cinéma, la jeune femme jouait le rôle principal dans « Bammun Nafi » (Le père de Nafi) du réalisateur sénégalais Mamadou Dia. Le film, en usant de l’émotion esthétique, sonne l’alerte sur le danger que courent nos pays face à la menace de l’extrémisme religieux, de cette nouvelle pratique religieuse cultivant l’intolérance et le radicalisme. Dans le film, Nafi (Aïcha Talla) est liée à son cousin Tokora par un amour profond, malgré l’opposition de leurs deux parents (Tierno et Ousmane).
Depuis, la jeune dame n’a jamais quitté le monde du cinéma. Comme le réalisateur Moussa Sène Absa avec Rokhaya Niang, Mamadou Dia fait aussi appel constamment à son actrice « préférée » dans tous ses films. Mais ce n’est pas tout. Aïcha Talla a également joué dans de nombreuses séries à l’image de « Indam », « Polel » ou encore « Nganouma ». Des fictions tournées en langue pulaar. Née à Matam, elle n’avait que 19 ans quand elle tenait son premier rôle dans le septième art en 2018. Un exploit pour une jeune femme issue d’une des localités du pays les moins dotées en infrastructures culturelles. Aïcha a ainsi saisi sa chance quand le réalisateur Mamadou Dia, avec qui elle partage la même localité, s’est rapproché d’elle.
Malgré quelques réticences au départ, son amour du cinéma a finalement fait le reste. L’occasion faisant le larron, la jeune fille profite du retard des cours à l’Université pour participer au tournage de cette fiction qui devait durer un mois. Les thématiques abordées dans la fiction constituent aussi une motivation supplémentaire pour l’artiste. « Bammun Nafi » évoque des sujets de société, dont le mariage précoce. Ce qui ne laisse guère indifférente la comédienne. Durant son cursus scolaire, elle a eu à perdre beaucoup de ses amies à cause de ce phénomène. Elles étaient nombreuses, soutient-elle, à quitter l’école pour le foyer conjugal.
Chez Aïcha Talla, le cinéma est une passion qu’elle cultive depuis toute petite. Mais comme, elle n’avait pas la possibilité de le pratiquer, elle s’orientait vers les troupes de théâtre. Le théâtre populaire a été ainsi une forme de passerelle pour arriver au septième art. « Dans le cadre du Festival national des arts et culture (Fesnac), je faisais partie des délégations des artistes de la région. J’y suis allée lors des éditions à Louga, Kolda, Kaffrine et Fatick pour représenter ma région natale, Matam », fait-elle comprendre. Le théâtre, une passerelle Pour maintenir la flamme de sa passion, Aïcha Talla faisait aussi de petits sketchs à l’école ou dans les quartiers. Malgré le fait d’être née dans un environnement où le conservatisme pèse encore de tout son poids, la jeune dame a réussi à s’imposer grâce au soutien indéfectible de ses parents. Si le film « Bammun Nafi » a été la première expérience d’Aïcha Talla au cinéma, aujourd’hui, son rêve est d’aller le plus loin possible.
Pour se faire, elle ne se fixe pas de limite. Aïcha Talla fait partie des personnages principaux du film « Demba » de Mamadou Dia qui va représenter le Sénégal au Fespaco (Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou, prévu du 22 février au 1er mars. Il s’agit du seul long métrage sénégalais en lice pour l’Étalon d’or de Yennenga. Une fierté de plus pour cette actrice qui ambitionne d’atteindre les plus hauts sommets du cinéma africain et mondial.
Ibrahima BA