L’irruption rapide de l’intelligence artificielle dans le domaine de la création n’a pas laissé le temps de réfléchir en profondeur au rapport entre l’Ia et la propriété intellectuelle.
« Si un scénario est écrit à 100 % par une intelligence artificielle, je me demande s’il est possible de parler de droit d’auteur. Il en va de même pour une œuvre visuelle », s’interroge Thierno Diagne Bâ, expert audiovisuel, gestionnaire des industries culturelles Cette interrogation de M. Bâ remet, aujourd’hui, le débat du droit d’auteur au centre de l’intelligence artificielle.
Le réalisateur Hussein Dembel Sow évoque un flou juridique total : « La loi actuelle ne définit pas qui est l’auteur – et donc le propriétaire – d’une œuvre créée par une Ia », souligne-t-il. Il rappelle également que, sur le plan éthique, « a préoccupation majeure est le biais des algorithmes, qui peuvent mal représenter la culture sénégalaise ». De l’avis du plasticien Mad Pixel, les préoccupations éthiques sont encore peu débattues que ce soit dans le champ artistique ou institutionnel.
Pourtant, juge-t-il, elles sont essentielles. « Comment s’assurer que les œuvres générées par l’Ia respectent les droits des artistes ? Qui est responsable en cas de plagiat involontaire ou d’appropriation culturelle ? Il est urgent que ces questions soient discutées localement, avec nos propres cadres de pensée et nos traditions juridiques.
Car je ne peux concevoir qu’une marque, une entreprise, une banque ou une assurance qui se permette de produire des affiches pour ses offres ou ses produits à l’aide de l’intelligence artificielle. Nous avons des photographes et des créateurs talentueux. En ce sens, je qualifierais cette pratique d’évasion fiscale déguisée… », fait-il remarquer.
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Ibrahima BA