Après le succès retentissant de son exposition à la Biennale de Venise, où il a occupé le Pavillon sénégalais, Alioune Diagne va présenter l’exposition « Jokkoo » à New York (États-Unis) à partir de mars prochain.
L’artiste visuel sénégalais Alioune Diagne va connaître sa première exposition aux États-Unis, du 6 mars au 27 avril. Promue et dévoilée par la galerie Templon New York, cette expo nommée « Jokkoo » (connexion en wolof) déploie une trentaine de toiles. Ces œuvres proposent un regard croisé entre le Sénégal et les États-Unis d’Amérique. Le visiteur sera plongé dans l’univers envoûtant propre à la signature de Alioune Diagne, composé d’un nombre infini de « signes inconscients ».
C’est entre écritures et signes énigmatiques qui orientent vers des perspectives complexes et personnelles de la diaspora africaine. Son œuvre regorge de scènes de marchés sénégalais, qui sont consécutifs des humeurs et de la situation sociale d’un pays, et d’espaces marins peuplés de bateaux d’émigration clandestine, entre autres. Le plasticien Alioune Diagne se concentre avec cette exposition particulièrement sur le brassage culturel entre les communautés afro-américaines et du continent africain. Les milliers de motifs calligraphiques de couleurs pastel découvrent un parti pris singulier de l’artiste, celui des similitudes entre ces communautés marquées au fer rouge par plusieurs siècles de violences coloniales et impérialistes. Le propos de Diagne est engagé, quasi activiste, pour dire une quête d’une nouvelle identité sur la scène internationale.
Il s’interroge sur une des facettes de cette identité forgée : la pratique culturelle et sportive. Les basketteurs afro-américains révélés en filigrane à la surface de ses toiles représentent d’ailleurs ce rêve américain et la liberté dans son essence même. Identité panafricaine Ces vedettes de Nba sont aujourd’hui une grande source d’inspiration auprès de beaucoup de jeunes Sénégalais qui, questionnés sur le futur, portent le regard outre-Atlantique. Il y a aussi des scènes de lutte, un sport de combat bien du Sénégal, aujourd’hui enseigné dans des universités américaines sous leur prisme culturel. Alioune Diagne tente de dépeindre une certaine culture commune, une identité panafricaine, de plus en plus affirmée dans les protestations foisonnantes de Black Lives Matters.
« Les jeunes générations africaines n’envisagent plus une carrière sur leur continent », explique Alioune Diagne. « Leur regard est tourné vers le succès de la communauté afro-américaine dans les domaines culturels comme le sport, ou encore la musique. Je veux leur montrer qu’il peut y avoir un avenir sur le continent. Il faut qu’ils croient et investissent dans leurs pays. Au même titre qu’il y a eu un rêve américain, il peut y avoir un rêve africain ». Né en 1985 à Kaffrine, Alioune Diagne vit et travaille au Sénégal et en France. À ce jour, il fait partie des artistes sénégalais les plus et mieux cotés. Après des études à l’École des Beaux-Arts de Dakar en 2008, Alioune Diagne développe une écriture imaginaire, langage universel et récit intime de fragments de sa vie à Dakar et de ses voyages.
Artiste engagé, il ouvre la voie à une exploration approfondie des grands enjeux du monde actuel : l’écologie, la place des femmes dans la société, le racisme ou encore les notions de transmission et de patrimoine. Depuis 2011, son œuvre a fait l’objet de nombreuses expositions personnelles et collectives en Europe, en Afrique et en Asie. L’œuvre de Alioune Diagne fait partie de la collection nationale du Sénégal depuis 2019 et il est lauréat du Norval Foundation’s Public Vote Prize en 2023. En 2022, l’œuvre de Diagne est présentée dans une exposition de la biennale Dakar 2022 au Grand théâtre de Dakar. En janvier 2024, son travail a été exposé dans « Seede » à la galerie Templon à Paris et en avril 2024, il a eu l’honneur de représenter le pavillon sénégalais dans « Bokk – Bounds » lors de la 60e Exposition d’Art internationale – La Biennale di Venezia. Il est représenté par la galerie Templon depuis 2022.
Mamadou Oumar KAMARA