Avec un rythme de production rapide et efficace, l’intelligence artificielle constitue un atout pour le secteur des arts visuels. En 2018, rapporte le site Nexa Digital School, une toile intitulée « Portrait d’Edmond Bellamy », réalisée par une intelligence artificielle, s’est vendue à 432.500 dollars (plus de 248 millions de FCfa).
Au Sénégal, soutient Ken Aïcha Sy, fondatrice de la plateforme culturelle Wakh Art, certains artistes plasticiens ont déjà commencé à utiliser l’Ia. Toutefois, notre pays reste à la traîne comparée à d’autres régions du monde. « L’usage de l’Ia dans le domaine artistique reste marginal, mais il soulève déjà des enjeux majeurs. Parmi les avantages : l’accessibilité à de nouveaux outils de création, l’exploration de formes inédites, l’ouverture vers des collaborations transdisciplinaires », soutient l’artiste Mad Pixel.
Le peintre, dessinateur et motion designer rappelle les innombrables défis liés, entre autres, au risque d’uniformisation, au manque de formation, et surtout à une certaine dépendance à des technologies conçues ailleurs, souvent déconnectées de nos contextes culturels. Même s’il n’utilise pas encore l’Ia dans son travail artistique, Mad Pixel s’y intéresse de « manière curieuse, ouverte, mais toujours critique ».
L’artiste ne considère pas l’intelligence artificielle comme un simple outil d’efficacité ou de production, mais comme un objet de questionnement. « Mon rapport à l’Ia est ambivalent : je suis à la fois intrigué par ses possibilités, mais aussi conscient de ses limites et de ses implications profondes. Ma préoccupation, c’est de vivre dans un monde où la technologie – Ia incluse – ne se contente plus d’accompagner l’humain, mais prétend parfois le dépasser ou le remplacer», avance-t-il.
Dans ce contexte, pense Mad, l’Afrique, au lieu d’être un simple consommateur de technologies, peut proposer une autre manière d’appréhender la technologie – et une vision d’un futur alternatif, qui s’éloigne des récits prophétiques à la « Terminator » ou d’autres fictions pessimistes. De son côté, l’artiste peintre Alioune Diagne entend encore sur le quai en de d’embarquer dans le train de l’Ia. Il reconnaît cependant les atouts de cette technologie. Cela, en ce sens qu’elle aide à simplifier certaines choses et à mettre plus d’ordre dans l’inspiration artistique. « Je trouve que c’est intéressant et cela pourrait beaucoup me servir dans mon travail », reconnaît-il.
Ibrahima BA