Les Bedik et les Bassari ont de nombreuses similitudes dans leurs perceptions de la vie et leurs cultures. Ils possèdent des traditions riches et variées.
Les Bedik et les Bassari vivent dans une société égalitaire. De nombreuses similitudes existent entre ces deux ethnies. L’animisme est un point commun. « Les deux langues se croisent et nous gardons le même amour pour le 5 X 4 (Ndlr : égal 20 (vin) », chahute l’acteur culturel bassari Gaherademy Bindia, plus connu sous le nom de Balingho.
Les Bedik ont une organisation sociale bâtie autour de sept fêtes traditionnelles qui couvrent l’année. Ces dernières peuvent prendre des contours et significations diverses comme celle des femmes mariées qui se tient tous les quatre ans dans la localité d’Ethiouwar. Il y a aussi la fête des jeunes filles, qui se tient dans les localités d’Iwol et d’Andiel tous les deux ans.
Les autres fêtes sont d’une importance capitale pour le bedik, souligne Gabriel Camara qui revient sur leur signification profonde. L’Iyala est la fête du commencement, le début des fêtes. Il est célébré juste après les travaux champêtres en octobre-novembre. Il est suivi de Mathiaco qui est la fête des récoltes. Le Mathiang vénère la sortie du chef de village. Il a lieu cette année le 22 janvier. Le Méress met l’accent sur les conseils et directives à prodiguer aux populations. Le Mopeuteug est la fête dédiée à l’enfant à circoncire par le père qui en informe le village. Il précède l’Aleuthie qui est l’initiation. La dernière fête est Gamonde et a lieu avant le début des travaux champêtres. Elle dure une semaine et est une occasion de tuer du gibier que l’on sèche et ramène au village.
Une spécificité existe chez les Bedik et Bassari pour les appellations. Chez les garçons bediks, les noms sont dans l’ordre : Sarro, Tama, Dondo, Niapam, Fadère, Kaly et Foula Après le 7e garçon, les noms sont repris dans le même ordre, mais suivis de Mbatla. Le 8e garçon sera appelé, par exemple, Sarro Mbatla. Le même procédé est utilisé chez les filles. Ainsi, s’appellent-elles Niano, Kouma, Pena, Niafo, Niandère, Niandadj, Niathiada.
Les Bassari ont la particularité d’avoir 7 noms de famille commençant tous par B (du fait du pluriel, alors que le singulier est décliné en A). Ils permettent de confirmer leur appartenance à la communauté : Bonang, Bindian, Biès, Biankès, Boubane, Benga, Bidiar. Comme chez les Bedik, les sept prénoms des garçons sont : Thiara, Tama, Kaly, Endéga, Yara, Pata et Mamy. Pour le huitième garçon, on mettra Thiara Vébathie. Chez les femmes, les sept prénoms sont : Thira, Kama, Pena, Taki, Niary, Mathy et Yanfou.
Les Bassari ont également une organisation sociale bien particulière. Celle-ci semble obéir à une pyramide des âges articulée autour de l’éducation et de la formation des enfants. Ainsi, tout enfant de 0-10 ans voit son éducation confiée à ses grands-parents. A partir de 11 ans, l’enfant dort à la place du village qu’il soit garçon ou fille. D’ailleurs tous les villages bassari dispose de cet espace. Chaque classe d’âge ou case a un chef et un lieu de correction qui sont conçus pour mieux éduquer. Il n’y a pas de mixité pour la classe d’âge de 11-15 ans. L’éducation des filles de 11 à 15 ans est dévolue aux garçons de 11 à 21 ans, même s’il n’y a « jamais de rapport sexuel entre eux », selon Balingho. Les garçons âgés de 11 à 21 ans peuvent draguer les filles dont la tranche d’âge est comprise entre 21 et 27 ans.
« L’initiation se fait à l’âge de 15 ans dans les trois villages que sont Ebarak, Ethiolo et Nissera. Une réunion est organisée pour apprécier la récolte de l’année. Si elle est bonne, l’initiation se fera et pour chaque garçon à initier sa famille lui construit deux cases. C’est un samedi qu’arrivent les invités avant que les coqs ne soient égorgés le dimanche. Des coups de fusil retentissent comme un appel aux masques. Ainsi, s’il y a 40 garçons à initier, par exemple, il y aura 81 masques », explique Balingho en bon gardien des traditions.
Feuilles de rôniers, masques, arcs, machettes, cadeaux de toutes sortes et danses sont au menu et rythment, comme manifestation de la diversité et de la richesse de la culture bassari, trois semaines d’initiation durant, le quotidien chez ce peuple qui a pour totem le caméléon. L’achèvement de l’initiation marque le passage de la vie enfantine à celle adulte. Le garçon peut alors se marier. Encore lui faudra-t-il trouver des chèvres pour la dot à remettre à sa dulcinée.
Ibrahima Khaliloullah NDIAYE