« Le tatouage est formellement interdit par l’Islam ». C’est la conviction de Thierno Amadou Younouss Ba, imam de la grande mosquée de Ranérou. Pour lui, le Seigneur a mis en garde ceux qui se transfigurent sciemment le corps. Toutefois, précise le guide religieux, « on peut se faire beau ou belle sans recourir à une esthétique ou une chirurgie consistant à transformer son corps ». L’imam rappelle que « le Seigneur est Beauté et aime ce qui est beau ». À l’en croire, il n’est pas interdit de se faire beau, mais la façon de le faire est importante. Concernant le tatouage, il soutient que tous les exégètes musulmans convergent vers son interdiction formelle. À Houdallaye, localité située à une cinquantaine de kilomètres à l’est de Ranérou, fait savoir l’imam, le défunt guide religieux, Thierno Alassane Diallo, appliquait strictement la charia, la loi islamique, à l’égard des femmes qui se faisaient tatouer. « Elles recevaient cent coups de fouet, conformément à la loi islamique », ajoute-t-il. À défaut, poursuit-il, le père de la fille tatouée se faisait expulser du village. Le défunt guide religieux s’inquiétait également du sort des témoins et de ceux qui avaient assisté à la séance de tatouage. Ils étaient considérés comme « des complices », selon la loi islamique. Thierno Amadou Younouss Ba reconnaît, toutefois, qu’il y a des filles qui font cette pratique à l’insu de leurs parents. Sans leur consentement, donc. Alors que d’autres encouragent leurs filles à le faire. Dans ce cas de figure, renseigne-t-il, ils sont soumis à la jurisprudence islamique. Il en est de même de la tatoueuse qui le fait à une mineure sans le consentement de son civilement responsable, détaille le chef religieux. À son avis, la tatoueuse s’expose à la rigueur de la charia.