Kiné Lam, c’est aussi un alchimiste de la parole, un didacticiel du beau et un chantre de la citoyenneté active.
C’est peu dire que Kiné Lam est une musicienne. Elle est, en effet, une conteuse, une narratrice poétique. Ses paroles sont des mots tissés d’images, des métaphores qui prennent forme. Chaque chanson qu’elle interprète devient une quête initiatique, un cheminement à la fois personnel et universel. À travers ses textes, elle porte en elle les récits de l’histoire du Sénégal, les luttes, les espoirs, mais aussi les joies de la vie quotidienne. Elle transformé chaque morceau en un voyage sensoriel, où les mots deviennent des empreintes laissées sur la peau, des visions gravées dans l’esprit. Elle sait aussi comment transmettre une histoire à travers l’énergie vocale. Parfois, sa voix devient presque narrative, proche du parler, guidée par un rythme presque langoureux, avant de se faire de nouveau chant, s’élevant vers une mélodie qui semble capter la lumière elle-même. Depuis l’orée de sa carrière, la diva entreprend une démarche discussion qui est celle de l’esthétisation du beau. C’est un discours interpellatif et descriptif de la vie quotidienne. À cet effet, le docteur Ibrahima Faye note que la chanteuse lance une bataille de la régénérescence des valeurs de la patience « muñ », su courage « jom », de la discrétion « suturë », de la mansuétude « yërmande », entre autres valeurs morales qu’elle prône. On entend ces cris dans de morceaux comme « Suma sañoon » qui est un plaidoyer pour les chômeurs, « Laago du wees », un appel à l’humilité et un rappel du caractère évanescent de la vie, « Sëy », une panoplie de conseils pour les couples, entre autres morceaux.
Amadou KÉBÉ
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