La musique, c’est sa passion, son univers. Très présente dans sa vie quotidienne, elle est une forte composante de l’imaginaire de l’artiste, chanteur, compositeur et arrangeur. À l’aise dans le Rnb, le reggae et tous les styles de musique, Charles Souleymane Sow est tout simplement un condensé de génie, de créativité et de rythmes envoûtants. Une vie tout en musique.
Depuis tout jeune, la musique rythme sa vie. Parce que Charles Souleymane Sow est né dans une famille qui vit et respire la musique, côté paternel comme maternel. Son pouvoir indéniable a agi sur lui, lui faisant découvrir le plaisir des sons. Depuis plus d’un quart de siècle, Charles Sow évolue dans cette sphère. Sa carrière, il l’a débutée au sein du groupe K-Melon fondé avec des amis mélomanes. Adolescent, il rêvait de devenir ingénieur en télécommunication et réseaux, mais son destin était ailleurs. « À un moment, j’étais dans une phase où j’avais plusieurs options devant moi et je devais faire un choix. Je voulais étudier, mais les moyens faisaient défaut. Je me suis, par la suite, rendu compte qu’avec la musique, j’avais des énergies très positives. Je n’avais pas le temps d’envier qui que ce soit et j’ai foncé. Aujourd’hui, je ne regrette pas ce choix parce qu’ayant très tôt compris que c’était ma voie », confesse-t-il.
Très tôt, Charles Sow a donc été fasciné par la guitare. Earl Klugh, Al Di Meola, Cheikh Tidiane Tall, Daouda Gassama et autres Lamine Faye étaient ses références. Conscient que dans un monde où la musique évolue à la vitesse du son, il était essentiel d’étudier l’héritage laissé par les virtuoses, le jeune artiste s’est formé sur le tas. Il a eu la chance de côtoyer des légendes sénégalaises qui l’ont inspiré à travers leurs techniques de jeu. À ses débuts, il côtoyait le groupe Ceddo qui répétait aux Hlm. Il venait souvent les écouter et a appris à jouer en les écoutant. Puis, il est tombé sur Lamine Faye. « Je ne le remercierai jamais assez. J’ai côtoyé Lamine Faye pendant des années. Il a toujours été disponible. C’est lui qui m’a initié en Mao (Musique assisté par ordinateur). Je venais souvent chez lui et sous le manguier de sa maison, je passais 12 heures par jour à jouer de la guitare et à faire le thé. Il a toujours cru en moi, m’a boosté, motivé. J’étais dans une période assez sombre et il m’a toujours prodigué de bons conseils », indique-t-il. Charles Sow a aussi beaucoup appris de Cheikh Tidiane Tall et de Habib Faye, qui lui ont donné quelques ficelles du métier.
Un musicien polyvalent, ouvert au monde
En s’inspirant de ces maîtres de la guitare, Charles Sow a su développer sa créativité, explorer de nouvelles dimensions sonores. Du côté du chant, son père qui écoutait beaucoup de reggae, lui a transmis le virus. « Steel Pulse et David Hinds m’ont vraiment inspiré dans le Rythm and blues, devenant mes sources d’inspiration », avoue l’artiste qui se définit comme un musicien polyvalent, qui s’ouvre au monde. Son style de prédilection, c’est le Rythm and blues qu’il assimile au moteur du reggae ; « la musique-mère » qui a, selon lui, fait naître beaucoup de styles, de musiques émotionnelles. « Je m’imaginerai un rocker en tant que guitariste qui laisse la musique s’exprimer, mais aussi en tant que musicien, je me vois comme quelqu’un capable de faire beaucoup de styles. Je me vois également au Reggae vu l’engagement qu’il y a dedans, le rythme qui a gardé la culture africaine par rapport à son histoire », explique-t-il.
Artiste engagé, Charles Sow n’aime pas écrire des textes qui ne sont pas assez profonds, convaincu qu’il doit contribuer dans la sphère musicale, textuellement et musicalement, apporter sa pierre à l’édifice. « Je suis très engagé. Il y a eu trop d’antécédents qui auraient pu causer que je laisse la musique, mais j’ai tenu bon et je continue. Je suis mon instinct et une fois que j’attrape je ne lâche plus », indique l’artiste pour qui la musique représente tout. « Spirituellement, ça me met quelque part hors de moi, mais positivement. Quand je fais de la musique, je suis déconnecté, je suis dans une autre sphère qui fait que j’oublie tout ce qui est énergie négative », avoue-t-il.
Ses compères de K-Melon étant partis en voyage pour explorer d’autres cieux, Charles Sow s’est retrouvé seul, pendant trois longues années. Il n’a pas pour autant baissé les bras. Il était convaincu que la musique était sa voie. « J’ai acquis de l’expérience en étant seul. Je suis spécialisé en musique, ça m’a permis d’apprendre le clavier parce que j’étais guitariste, de développer mes connaissances musicales et d’apprendre le management. Ça m’a permis de m’ouvrir davantage et de jouer avec des artistes qui font le mbalakh et d’autres groupes », informe-t-il. Charles a ainsi collaboré avec des artistes comme Paulette. Il a fait son album de 17 titres. « J’ai collaboré avec Jahman Xpress, Amadeus, beaucoup d’artistes. Je fus même guitariste de Titi. Dans la sous-région, j’ai collaboré avec beaucoup de groupes d’artistes », explique-t-il. Mais son plus beau souvenir reste sa performance avec le tube « Volta Pami » de Paulette dans le début des années 2000. Un opus qui a fait un tabac. « C’était un produit que tout le Sénégal écoutait. Ce morceau a eu un succès extraordinaire et je n’ai jamais été autant fier de moi », relève l’artiste.
Le début du commencement
Aujourd’hui, Charles Sow mène une carrière solo après avoir, pendant longtemps, oublié sa propre personne. Le déclic est venu de son entourage qui, conscient de son talent, l’a encouragé à se lancer. Et il n’a pas hésité. « Un beau matin, je me suis décidé et j’ai fait le nécessaire en collaboration avec Isaac, un batteur ivoirien et Edou et la participation de Girard qui m’ont beaucoup motivé. Je me suis dit qu’il le fallait et que je devais sortir un Ep ; d’où le clip « Children of Africa » qui est sorti récemment », renseigne-t-il. « Children of Africa » se veut un éveil de conscience. « Ça parle de la jeunesse africaine, des fils d’Afrique. À travers cette chanson, je parle de Lumumba, Sankara, Mandela et Ben Bella qui ont contribué à la révolution pacifique sur le continent pour motiver la jeunesse et leur faire savoir qui ils sont vraiment. C’est ce qui m’a inspiré, car sans repère, on ne peut pas aller de l’avant », assure Charles Sow qui n’a pas regretté ce coup d’essai. Parce que la sortie du clip a eu ses effets. Elle lui a permis d’être à l’affiche, lors du festival Teranga Fest Reggae. Comme si les gens attendaient la sortie du clip. Une vraie libération pour l’artiste. « C’est la première fois que je mets un challenge contre moi-même. C’était un peu difficile, mais j’étais obligé de laisser d’autres engagements pour me consacrer sur ce que je faisais ; c’est ce qui a créé le déclic. J’ai fait écouter le produit à plusieurs acteurs culturels et ils m’ont encouragé à le sortir », indique-t-il. Depuis, Charles Sow a persévéré. Et il ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. D’ailleurs, il prépare la sortie, juste après le Ramadan, d’un album de six titres (cinq en anglais et un en wolof) intitulé « See Saa » (doucement en Pulaar). Son tout premier album, précise-t-il. « C’est le début du commencement. Il fallait que je me lance et je l’ai fait. C’est une autoproduction et qui est le reflet de tout ce que j’ai eu à vivre et ce que je veux faire dans l’avenir », explique l’artiste.
Polyvalent et créatif, Charles est également un talentueux beatmaker. Ingénieur en sons en constante quête d’originalité, Charles Sow a créé son propre studio de musique « Deep Vibes Music » ; un espace dédié à la création et à l’innovation musicale. « Je voyage souvent pour faire des recherches par rapport à nos instruments traditionnels. J’en découvre et du coup, quand je vois un talent, je lui tends la perche, lui offre un son, le motive », affvirme-t-il.
Aujourd’hui, le plus grand rêve de Charles Sow, c’est de créer une Holding pour former et encadrer les artistes. « Le Sénégal regorge de jeunes artistes talentueux qui n’ont pas la chance d’émerger. Je veux contribuer à leur encadrement pour qu’ils se retrouvent dans ce qu’ils font et vivent bien de leur travail », indique l’artiste qui veut également œuvrer dans le social et apporter soutien et réconfort aux démunis.
Samba Oumar FALL