La Compagnie du Théâtre national Daniel Sorano fête ses soixante années d’existence. Ce temple de la culture sénégalaise, créé par le Président Léopold Sédar Senghor en juillet 1965, est baptisé en hommage à l’acteur comédien franco-sénégalais Daniel Sorano (1920-1962).
Au fil des années, sur le sillage des fastes du premier Festival mondial des arts nègres en 1966, ce haut lieu mythique de la vie culturelle dakaroise, dirigée durant une vingtaine d’années par Maurice Sonar Senghor, a vu passer plusieurs artistes comédiens, chanteurs, musiciens, danseurs, metteurs en scène de talent, qui ont porté la culture sénégalaise sur les plus grandes scènes du monde.
À travers les trois composantes de l’institution, à savoir la Troupe nationale dramatique, l’Ensemble lyrique traditionnel et le Ballet national « La Linguère », la vie trépidante de la Compagnie nationale Sorano, a connu des personnages célèbres comme Douta Seck, Doura Mané, Jacqueline Scott-Lemoine, Soundioulou Cissokho, Isseu Niang, Line Senghor, Ndiaga Mbaye, Abdoulaye Mboup, Serigne Ndiaye Gonzales, Bouly Sonko, Awa Sène Sarr, Jean-Pierre Leurs, Boubacar Guiro, Joséphine Zambo, Mamadou Lamine Seyba Traoré… Plus d’une centaine d’hommes et femmes qui méritent d’être cités tant elles ont brillé par leur talent dans leur art respectif.
Lors d’un entretien au début des années 2000, après une retraite bien méritée des planches, l’artiste comédien Serigne Ndiaye Gonzales, nous confiait qu’à l’issue d’une formation au Théâtre des Capucines de Paris dans les années 60 et de retour au Sénégal, « qu’endroit ne pouvait être mieux choisi que Sorano, ce temple de la culture qui était l’enfant gâté » du Président Senghor pour exprimer son talent.
Et le doyen Serigne Ndiaye de nous citer des pièces de théâtre dont singulièrement « L’os de Mor Lam », interprétée aux côtés de Doura Mané, Isseu Niang, Line Senghor, en présence de l’écrivain Birago Diop, auteur de la pièce. Gonzales s’est souvenu également des rôles tenus dans d’autres pièces comme « L’exil d’Alboury », « Le malade imaginaire » jouée à Paris par la Troupe nationale de Sorano, en présence du Président Senghor, de « Mac Beth, des « Fiançailles tragiques » jouée en compagnie d’un certain Pierre Atépa Goudiaby, alors élève au lycée, de « Nder en flammes », mais aussi de la pièce « Lat Dior » interprétée au stade Demba Diop lors du Congrès mondial des Arts nègres en 1966 à Dakar…
Mais la Compagnie nationale Sorano, c’est également les grandes soirées de musique traditionnelle, les « Xawaré » animées par l’Ensemble lyrique avec des musiciens et chanteurs de la trempe des Soundioulou Cissokho, Abdoulaye Mboup, Ndiaga Mbaye, Samba Diabaré Samb, Ndiaye Samba Mboup, Khar Mbaye Madiaga, Ouza Diallo, Fatou Thiam Samb, Khady Diouf, Mahawa Kouyaté, Kiné Lam, Fatou Kiné Mbaye, Fatou Talla Ndiaye, Fatou Guéwel Diouf, Soda Mama Fall, Marie Ngoné Ndione, entre autres. On peut citer des dizaines d’autres grandes voix que l’Ensemble lyrique traditionnel a offertes à la musique sénégalaise.
En avril 2011, en inaugurant le Grand Théâtre national, un autre édifice culturel de Dakar venu supplée le Théâtre national Sorano, le président Abdoulaye Wade a pensé à la postérité, comme Léopold Sédar Senghor en 1965. En offrant à la culture et aux artistes sénégalais un second Théâtre national, Me Wade avait affirmé lors d’une grandiose cérémonie d’inauguration devant d’illustres invités, vouloir que « le Grand Théâtre national accueille les plus grandes pièces du répertoire sénégalais, africain et mondial ; qu’il permette l’éclosion de tous les talents, des plus grands dramaturges aux plus grands acteurs, qu’il soit le lieu de présentation des grandes pièces du répertoire présent et futur chaque fois qu’ils nous seront accessibles ».
Bientôt quinze ans que le second Théâtre sénégalais parrainé du nom du Tambour major dakarois Doudou Ndiaye Rose (1930-2015) fait son bonhomme de chemin, mais tarde à répondre pleinement au vœu de son bâtisseur… omar.diouf@lesoleil.sn