La 20e édition de l’Association internationale pour la recherche interculturelle (Aric) s’est ouverte hier au Théâtre national Daniel Sorano, en présence de 227 participants venus d’Afrique et d’ailleurs. Une rencontre de quatre jours, organisée en partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop, pour explorer l’interculturel entre traditions, héritages, modernités et circulations.
Du 8 au 11 juillet 2025, Dakar accueille le monde de la recherche interculturelle. Le Théâtre national Daniel Sorano, lieu symbolique de rencontres artistiques et intellectuelles, sert d’écrin à la 20e édition du congrès de l’Association internationale pour la recherche interculturelle (Aric). Organisée en partenariat avec la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), cette rencontre académique réunit 227 participants autour d’un thème majeur : « L’interculturel : entre traditions, héritages, modernités et circulations ».
Durant quatre jours, plus de 35 sessions et 15 symposiums rythmeront les échanges entre chercheurs, doctorants, professionnels et praticiens issus de diverses disciplines. Psychologie, histoire, géographie, communication, philosophie, linguistique ou encore études féminines et études du handicap.
Dakar, lieu-symbole du dialogue interculturel
« Ce congrès n’est pas qu’un lieu de réflexion théorique, mais aussi un espace de construction d’actions concrètes », a rappelé Rachid Oulahal, président de l’association, lors de la cérémonie d’ouverture. À l’en croire, l’Aric, fondée en 1986, organise un congrès tous les deux ans afin de croiser les regards scientifiques et professionnels sur les enjeux contemporains de l’interculturalité. Les travaux présentés donneront lieu à des publications scientifiques, mais aussi, ambitionne l’association, à la mise en œuvre de dispositifs favorisant une meilleure compréhension entre cultures. Un double objectif revendiqué : produire de la connaissance et inspirer des pratiques. « Les professionnels présents participent justement à cette volonté de rendre opérationnelles certaines propositions issues des débats », a ajouté l’enseignant-chercheur en psychologie interculturelle.
Le choix de Dakar n’est pas anodin. Ville de croisement, située à la pointe occidentale du continent africain, la capitale sénégalaise a toujours été un lieu de brassage, de dialogue et de mémoire. Le secrétaire d’État à la Culture, aux industries créatives et au patrimoine historique, Bakary Sarr, qui présidait la cérémonie d’ouverture, a salué cette symbolique forte qui entre dans le cadre de la Vision Sénégal 2050. « Dakar est le lieu de rencontre des vents du monde entier, une ville qui a accueilli toutes les sommités éprises de liberté », a-t-il déclaré.
Pour lui, l’interculturel est une voie incontournable vers un avenir apaisé : « Étudier, enseigner et promouvoir la culture de l’autre est un impératif si nous voulons taire les divergences qui minent la paix. Nous avons le devoir de léguer aux générations futures un monde en partage, fondé sur le respect, la fraternité et l’amour. »
L’interculturel comme pédagogie de la paix
Dans son adresse aux chercheurs, doctorants et professionnels présents, M. Sarr a souligné l’importance d’un engagement collectif à faire de la diversité un levier d’harmonie et non de tension.
Un idéal qui fait écho à la pensée de Léopold Sédar Senghor, dont l’influence imprègne encore les politiques culturelles du pays. Le fondateur de la Négritude défendait un humanisme de l’ouverture, où « l’enracinement dans ses propres valeurs allait de pair avec l’ouverture à l’universel ».
Pour le professeur Mamadou Bouna Timéra, doyen par intérim de la Faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Ucad, l’interculturel n’est pas une simple notion académique, mais bien une pédagogie : « Une pédagogie de la tolérance, de la diversité et de la paix », a-t-il insisté. Et, cette rencontre, a-t-il souligné, est l’occasion de repenser les postures intellectuelles, d’articuler les apports disciplinaires dans une logique de croisement, et de promouvoir une approche décloisonnée des identités et des interactions humaines. « C’est en assumant nos individualités que nous pouvons construire un équilibre collectif », a-t-il ajouté, insistant sur l’importance de l’acceptation de l’autre dans sa différence.
Au-delà des sessions scientifiques, le congrès se veut donc aussi un moment d’inspiration. Les participants sont invités à réfléchir à des solutions concrètes pour améliorer la rencontre entre les cultures, à travers l’éducation, les arts, les médias ou encore les politiques publiques.
Adama NDIAYE