Le sport sénégalais est en deuil. Le judo vient de perdre un illustre combattant qui a régné pendant une dizaine d’années sur le tatami sénégalais. Ankiling Diabone est décédé le jeudi 20 novembre, à Ziguinchor, à l’âge de 70 ans.
Alité depuis plusieurs mois, Ankiling Diabone a finalement été vaincu par la maladie. Le judoka a rendu l’âme hier, jeudi 20 novembre, dans la journée, à l’Hôpital de la paix de Ziguinchor. Le natif d’Oussouye et ancien maître d’éducation physique et sportive quitte ce bas-monde, avec un rêve qui ne sera malheureusement pas accompli. « Je compte finir ma maison qui est en construction ici. Après je mènerais une vie tranquille entre le marigot de Sam-Sam, la forêt et mon domicile. Je pourrais accueillir chaque année mes enfants et mes petits-enfants qui vivent tous en Europe », avait déclaré l’athlète le plus titré du judo sénégalais, lors d’un entretien accordé en juillet 2025, au magazine « Le Soleil du Sud ».

Hélas, son rêve d’une retraite tranquille à Sam-Sam, son village d’adoption, est ainsi écourté par la Grande faucheuse. Jointe au téléphone, Hortense Diédhiou a eu du mal à cacher sa douleur. «Je ne sais même pas quoi vous dire. J’ai mal, je suis plongée dans le chagrin depuis que j’ai appris la nouvelle», a fait savoir la triple championne d’Afrique de judo, formée par le défunt. Ankiling, témoigne-t-elle, était plus qu’un formateur. «C’était un père, un modèle, un mentor. C’est lui, poursuit Hortense Diédhiou, qui m’a transmis le mental et cette rage de vaincre qui m’accompagnent chaque fois que je monte sur le tatami», indique-t-elle. Et elle ajoute : «Je suis allée lui rendre visite lors de mon séjour au mois d’août dernier et j’en ai profité pour lui présenter Marie Aguène Diatta, que je considère comme notre relève.
Il était tellement content. Je lui préparais une surprise et je comptais beaucoup sur sa présence pour l’inauguration de mon centre de judo, prévue en décembre ». Étreinte par l’émotion, Hortense Diédhiou a ensuite observé un moment de silence avant de raccrocher. Ankiling Diabone a été couronné champion du Sénégal à onze reprises. Sur le plan continental, celui que l’on surnomme Afambil (le déménageur) à Oussouye a sacré, à cinq reprises, champion d’Afrique en individuel et en équipe de 1982 à 1987. Il a participé à deux championnats du monde (Maastricht, en Hollande, et à Essen, en République fédérale d’Allemagne) et une Coupe du monde (à Vienne, en Autriche) qui n’ont malheureusement pas été fructueux. Le champion de lutte du Kassa a aussi gagné plusieurs médailles lors de tournois organisés en Europe et en Afrique.
Entre temps, « le sorcier », comme le surnommaient ses adversaires et ses coéquipiers de l’équipe nationale de judo, a occupé le poste de conseiller technique régional à partir de 1985, qu’il cumule avec l’enseignement puis la direction du stade Aline Sitoé Diatta de Ziguinchor. Il crée le Judo club Casamance avec lequel il remporta cette même année 4 titres de champion du Sénégal.
Kathafa B.H.M. KANFOUDY (correspondant)

