Ce que raconte l’histoire de « Diam Bougoum », c’est aussi une aventure d’émancipation féminine. Dans une société où les femmes restent souvent confinées à la sphère domestique, ces mères de famille ont su conquérir l’espace public par le biais de l’art.
Elles voyagent, négocient des cachets, investissent dans du matériel, se produisent sur de grandes scènes. Leur autonomie financière et leur visibilité artistique renforcent leur place dans la communauté. Et loin de susciter des tensions, cette réussite est soutenue par leurs époux. « Nous remercions nos maris car ils nous encouragent. Sans leur appui, rien n’aurait été possible », insiste Ramatoulaye.
Leur message est clair : l’art peut être un vecteur de paix dans les foyers, un outil de cohésion dans les villages et une arme d’affirmation pour les femmes. À Diofior, lorsque les tambours de « Diam Bougoum » résonnent, c’est toute la mémoire d’un peuple qui s’éveille. Mais c’est aussi un avenir qui se dessine, car ces femmes ne se contentent pas de perpétuer un héritage : elles l’adaptent, l’exportent, le projettent vers demain.
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L’international reste leur horizon. L’Europe, en particulier, avec ses communautés sérères nostalgiques de leurs traditions, apparaît comme un terrain fertile. L’État sénégalais, les collectivités locales, mais aussi les mécènes et institutions culturelles ont un rôle à jouer pour accompagner cette ambition légitime. Ce 28 août 2025, coïncidant avec un après-midi de fête à Diofior, les percussions grondent. Les femmes en boubous colorés avancent en cadence, les voix s’élèvent, les mains frappent les tam-tams. La foule exulte. Dans cette effervescence, plus rien ne distingue les vendeuses de soupe des chanteuses, les mères de famille des danseuses : elles sont toutes artistes, toutes ambassadrices d’une culture.
« Diam Bougoum » n’est pas seulement un nom, c’est une philosophie incarnée. Dans un monde traversé par les tensions, ces femmes rappellent que le rythme peut être un souffle vital, une arme douce qui unit et apaise. À Diofior, la musique n’est pas un luxe. Elle est l’âme d’un peuple. Et grâce à « Diam Bougoum », elle résonne plus fort que jamais.
Babacar Guèye DIOP & Marie Bernadette SÈNE (textes) et Ndèye Seyni SAMB (photos)