Le Delta du Saloum regorge d’endroits magnifiques qui ont contribué à son classement, en 2011, sur la Liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Située à une trentaine de minutes de pirogue de Toubacouta, l’île aux coquillages, plus connue sous le nom de Diorom Boumak, avec ses amas coquilliers qui offrent un paysage archéologique exceptionnel, en fait partie. Cet éden, où le temps semble suspendu, est entouré d’un voile de mystères.
les baobabs (Adansonia digitata), imposants, se dressent tout au long de l’île aux coquillages. De loin, ces colosses fascinants, à la silhouette exceptionnelle, frappent par leur majesté, leur beauté. Depuis des siècles, pour ne pas dire des millénaires, ces arbres, réputés pour leur longévité, veillent sur Diorom Boumak, un sanctuaire de la nature qui impose un paysage d’une élégance fantasmagorique. Lorsqu’on jette l’ancre et que l’on met le pied sur la terre ferme, on peut admirer, dans toute leur splendeur, ces géants de la nature, qui dominent le milieu et portent fièrement les stigmates du temps.
Sur l’île qui mesure près de 400 m du nord au sud, pour une hauteur de 12 m, le temps semble s’arrêter. Elle laisse l’impression d’un paradis vierge où seuls les oiseaux ont le droit d’évoluer. Selon notre guide, l’île fait 300 m de large et 400 m de longueur sur 15 m de hauteur. Un escalier de 60 marches permet, à côté des autres portes d’entrée, d’atteindre les sommets. Difficile de croire que ce lieu abritait, autrefois, une population de plus de 7.000 habitants. L’île est déserte ; pas l’ombre d’un chat. Seuls les oiseaux font la pluie et le beau temps.
À Diorom Boumak, les baobabs ne sont pas les principales attractions. Les amas coquilliers également sont de véritables curiosités. Ces trésors archéologiques, renseigne notre guide, témoignent d’une occupation humaine et d’une économie de subsistance très ancienne basée sur la pêche et le ramassage des coquillages.
Selon Babacar Diamé, ces vestiges témoignent d’une pratique plusieurs fois millénaire dans cette partie du Delta du Saloum. Grâce à leur ingéniosité, ils ont réussi à établir des lieux de décharge au milieu du Delta lagunaire pour se défaire des coquilles d’arches, d’huître et d’autres rebuts. Cette pratique qui a, au fil des siècles, formé une structure physique d’amas coquillers témoigne d’un exemple d’intégration réussie.
Samba Oumar FALL