Décédé, ce dimanche, à l’âge de 79 ans, l’écrivain Alioune Badara Bèye a été un auteur prolifique qui a excellé dans tous les genres littéraires.
Alioune Badara Bèye est mort, dimanche 1er décembre. Sa disparition enveloppe d’un voile de tristesse l’univers littéraire sénégalais où il a été pendant des décennies une des figures de proue. Auteur, éditeur et président de l’Association des écrivains du Sénégal, l’ancien président du Conseil d’administration du Théâtre national Daniel Sorano a été une sorte de torche qui a toujours illuminé les lettres sénégalaises. Alioune Badara Bèye est une plume complète pour avoir été : scénariste, essayiste, dramaturge, romancier et poète.
Écrivain prolifique, il nous a habitués à des œuvres complètes d’une grande portée littéraire et d’une aisance presque naturelle dans l’exercice des différents genres de la littérature. Ses productions abordent des thématiques de société ainsi qu’une dualité entre tradition et modernité.
« Raki », « Le Sacre du Ceedo » et « Nder en flammes »… sont autant d’œuvres portant l’empreinte d’un auteur remarquable à la plume aussi touchante et alerte. Les personnages d’Alioune Badara Bèye portent l’identité de « nos » héros, les perles de « notre » culture, la sagesse de « nos » aïeuls. Ils se dressent comme des gardiens du temple national.
Presque toute la production littéraire du défunt écrivain ( « Les Bannis de Tandjiba », « La Tragédie du Damel Macodou » ainsi que ses évocations poétiques, dont « Lueurs et veillées poétiques d’outre-tombe », « Utopies lumineuses » et « Fresque pour un monument » ) est un combat contre l’oubli et le temps qui passe.
« Alioune Badara Bèye vit dans les effluves du miracle, de visions fleuries pour livrer cette variation sous-tendue par une forte dose poétique. Ceci lui procure forcément un relatif transitoire lui permettant de pallier les genres littéraires », commentait l’écrivain Abdoulaye Fodé Dione, à propos de l’œuvre du défunt dramaturge. De son point de vue, M. Bèye fait partie des écrivains prolifiques qui savent rester dans « une identité prescrite issue de la constance positive ; cette race d’auteurs qui refusent la « réchauffe » continuelle pour regarder le bout insaisissable de la perfection ». Il ajoutait que c’est « ce bout comme une carotte accrochée au bâton, qui donne cette frénésie imaginative ».
Écrivain modèle
Le travail d’Alioune Badara Bèye offre ainsi en modèle un écrivain dont les œuvres continueront d’irradier la littérature africaine, voire sénégalaise, tel un soleil de midi sur les vastes étendues désertiques.
Né en 1945 à Saint-Louis du Sénégal, Alioune Badara Bèye s’inscrit d’abord à l’école du Champ de Courses, ensuite au Collège d’Orientation (actuel Lycée Blaise Diagne) et enfin au Collège du Plateau. Il y est renvoyé pour faits de grève à quelques semaines du Brevet d’études du premier cycle (B.ep.c) qu’il obtient cependant comme candidat libre.
Il va décrocher son diplôme d’adjoint technique de la Marine avant de retourner au Sénégal en 1969 et d’être recruté à la Douane sénégalaise. Passionné de football, Alioune Badara Bèye a été joueur des navétanes avant de rejoindre la Jeanne d’Arc de Dakar.
Dans sa carrière, il a été le président de la Fédération internationale des écrivains de langue française (Fidelf) et ancien membre du Conseil national de régulation de l’audiovisuel du Sénégal (Cnra). Le Coordonnateur du troisième Festival mondial des arts nègres (Fesman III) a reçu également plusieurs distinctions, dont le commandeur de l’Ordre national du mérite, Chevalier national des arts et des lettres, Commandeur de l’ordre de la pléiade pour services rendus à la Francophonie et à la Diversité culturelle, Grand officier de l’ordre national du mérite.
Par Ibrahima BA