C’est de l’humour, c’est du sport, ce sont des astuces. Les influenceurs et influenceuses sont omniprésents sur les réseaux sociaux, mais la niche de la vulgarisation de la recherche scientifique n’est pas prise d’assaut. Pas tellement. Il y a une raison et Yacine Ndiaye nous en dira plus. Tout comme à propos des chamboulements occasionnés par l’arrivée du personnage de l’influenceur. Sur ce qui a changé en termes de stratégies marketing. Aussi la spécialiste en communication (diplômée de Celsa-Sorbonne Université) attire-t-elle l’attention sur l’idée de « saturation des contenus sponsorisés ».
L’arrivée du personnage de l’influenceur a-t-elle eu un impact sur le monde de la publicité au Sénégal ?
L’arrivée des influenceurs a eu un impact significatif sur le monde de la publicité au Sénégal. Cet impact peut être considéré à la fois comme positif et négatif. Positif, parce que les influenceurs permettent aux marques de toucher un public plus large et ciblé grâce à leur communauté engagée sur les réseaux sociaux. Ils apportent une nouvelle manière de communiquer, plus authentique et proche des consommateurs, surtout auprès des jeunes.
Négatif, car certains influenceurs peuvent parfois manquer de professionnalisme ou de crédibilité, ce qui peut nuire à l’image des marques. De plus, il y a parfois une saturation des contenus sponsorisés, c’est-à-dire que les consommateurs sont, par le biais des influenceurs, exposés répétitivement à des publicités parfois trop intrusives ou peu pertinentes. Ce qui peut diminuer l’impact et la conversion pour ces campagnes publicitaires.
Comment l’écosystème et les professionnels que vous êtes avez réagi à cette nouveauté ?
Les professionnels de la communication ont dû s’adapter rapidement à cette nouvelle dynamique en intégrant les influenceurs dans leurs stratégies marketing. Cela a nécessité, d’abord, une éducation des marques pour mieux comprendre le rôle et la valeur ajoutée des influenceurs. Ensuite, une sélection plus rigoureuse des influenceurs, en privilégiant la qualité de leur audience plutôt que la simple quantité de leurs abonnés sur leurs plateformes web. Et enfin, la mise en place de collaborations plus structurées et encadrées par des contrats pour assurer un partenariat efficace et professionnel.
Dans votre pratique, vous arrive-t-il de travailler avec les influenceurs afin de donner plus de visibilité à des produits ?
J’évolue dans le monde de la recherche, c’est un domaine qui a rarement recours aux influenceurs (Ndlr : elle est la responsable communication de l’Institut de recherche pour le développement).
Quel est le profil-type d’influenceurs avec qui vous travaillerez, au cas où ça devrait se faire ?
Cela n’arrive pas souvent, mais quand c’est le cas, il faut absolument que ces critères soient remplis. L’engagement authentique, c’est-à-dire qu’on va privilégier les influenceurs perçus comme engagés et sincères par leur communauté et qui ne se concentrent pas uniquement sur la promotion commerciale.
À l’engagement s’ajoute l’expertise ou un intérêt de l’influenceur pour le domaine concerné. Par exemple, un spécialiste en diététique sera pertinent pour communiquer sur une étude en nutrition ou bien-être contrairement à un influenceur non spécialisé. La capacité à vulgariser, à traduire des sujets scientifiques complexes en un langage accessible et attractif est aussi nécessaire. Est aussi requise l’absence de conflits d’intérêts, car la collaboration avec des influenceurs sponsorisés ou financés par des marques qui font l’objet de polémiques peut affecter la perception et l’objectivité des résultats scientifiques.
Vient après cela le respect des cadres légaux en termes de respect de la vie privée des abonnées, confidentialité des données personnelles.
Vous imaginez que toutes les conditions précitées conjuguées au fait que les marques disposent de moyens financiers conséquents pour des collaborations, contrairement aux chercheurs qui doivent souvent travailler avec des budgets restreints, rendent très peu courant le recours aux influenceurs dans le domaine de la recherche.
Le fait qu’un influenceur soit dans une agence, est-ce une exigence ?
Non, ce n’est pas toujours une exigence qu’un influenceur soit affilié à une agence. Cependant, travailler avec un influenceur en agence peut être un avantage, car cela garantit un niveau de professionnalisme et une gestion plus structurée de la collaboration. Pour les indépendants, il est souvent nécessaire de s’assurer qu’ils respectent les engagements et les délais fixés. Cela pourrait permettre d’éviter certaines querelles que l’on voit parfois sur les réseaux sociaux sénégalais entre influenceurs et marques.
Entretien réalisé par Moussa SECK