Premier Prix du jury (Animation), avec sa série d’animation « Les aventures de Kady et Djudju », Fatoumata Bathily est l’une des satisfactions du Sénégal au 29e Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco), qui s’est tenu du 22 février au 1er mars. Auteure et productrice, elle est venue dans l’univers du cinéma pour partager sa sensibilité ainsi que son regard sur le monde.
Vendredi 28 février. Dans une salle archi-comble d’un hôtel de Ouagadougou, réalisateurs en compétition, journalistes, autorités politiques, membres des jurys officiels et ceux des prix spéciaux sont réunis pour donner un avant-goût du palmarès officiel du Fespaco, mais aussi la liste de tous les lauréats des prix spéciaux.
La réalisatrice sénégalaise Fatoumata Bathily n’attendra pas longtemps pour entendre son nom résonner dans cette grande salle de conférence. Prise entre émotion et fierté, elle n’en revient presque pas. Avec sa série d’animation « Les aventures de Kady et Djudju », Mme Bathily a décroché le 1er Prix du jury dans la catégorie « Animation » de cette 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco). « Nous sommes très heureux d’avoir reçu ce prix dans un grand festival comme le Fespaco », a-t-elle réagi.
Pour la réalisatrice, les prix remportés ainsi que le nombre de films sénégalais qui ont pris part au Fespaco prouvent la qualité, la vitalité et la constance de la production cinématographique du pays.
Manque de moyens techniques et financiers
La série « Les aventures de Kady et Djudju », réalisée avec Yancouba Diémé, raconte l’histoire du Sénégal et de l’Afrique aux enfants. « L’idée de produire un dessin animé qui raconte l’histoire de l’Afrique aux enfants est née d’un désir de partager une riche culture et de promouvoir la diversité dès le plus jeune âge. L’Afrique possède une histoire et des traditions incroyablement diverses et fascinantes, qui ne sont pas toujours bien représentées. En introduisant ces histoires à travers un format accessible et divertissant comme le dessin animé, on peut non seulement éduquer, mais aussi inspirer les enfants à comprendre et à apprécier la richesse du patrimoine africain », soutient Fatoumata Bathily.
Pour entamer la production de cette série, elle a reçu le soutien de la direction de la cinématographie du Sénégal à travers le Fonds de promotion de l’industrie cinématographique et audiovisuelle (Fopica) ainsi que le Fonds Jeune création francophone.
« Avec cet appui, nous avons commencé la production en espérant avoir le budget qui nous permettra de rassembler une équipe et d’avancer plus rapidement dans la production », souligne-t-elle. Passionnée de film d’animation, Fatoumata Bathily regrette qu’au Sénégal, ce genre de production cinématographique ne soit assez présente à l’écran. Une donne qui s’explique, selon la productrice, par le fait que la réalisation de ces productions demande beaucoup de moyens financiers et techniques.
Les acteurs qui évoluent dans ce milieu racontent un essaim de contraintes. « Les difficultés sont multiples et sont liées à la recherche de financement, de matériels techniques très modernes adaptés à une bonne réalisation. Je pense qu’il faudra que les professionnels qui évoluent dans ce secteur se mobilisent pour trouver les moyens de financer leurs projets et vulgariser leurs œuvres à travers le monde », avance-t-elle.
Au-delà de ce prix remporté dans le palmarès officiel du Fespaco de cette année, en 2021, elle avait décroché le Prix national Annette Mbaye d’Erneville au Dakar Court avec son film « Taajabone». Auteure et productrice, Fatoumata Bathily a passé plus d’une dizaine d’années à l’étranger avant de prendre la résolution de rentrer pour servir son pays. Outre le monde du septième art, elle évolue aussi dans le milieu des enfants. Actuellement, Mme Bathily est la directrice du complexe éducatif Arcobaleno. « Je travaille dans le milieu des enfants depuis des années et j’évolue aussi dans le cinéma qui me permet de m’exprimer, de partager mon regard et ma sensibilité », soutient-elle.
Ibrahima BA