Alors que l’ouverture de la 29e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) est prévue cet après-midi, à 16 heures, c’est déjà l’engouement dans la capitale burkinabè. La ville continue d’accueillir des milliers de festivaliers venus d’un peu partout.
OUAGADOUGOU – Des drapeaux de différents pays africains flottant au vent. Des statues de grands noms du cinéma décorant une partie du jardin… Le siège du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) bat au rythme de cette biennale dédiée au septième art du continent. Sur place, des ouvriers travaillent sans relâche. Certains apposent les dernières couches de peinture tandis que d’autres, dégoulinant de sueur sous la forte canicule, se démènent tant bien que mal pour accrocher des portraits de figures emblématiques du cinéma africain. Il est presque impossible de leur arracher le moindre mot. Le compte à rebours est déjà lancé : tout finir avant le lancement, cet après-midi, de la 29e édition du Fespaco par le capitaine Ibrahima Traoré, Président du Faso.
Mercredi 19 février, à 72 heures du début du festival, le Comité national d’organisation (Cno) avait annoncé l’exécution à 95 % des travaux liés à l’événement. Entre le ballet incessant des festivaliers venus récupérer leurs badges et le grand bazar lié à certains travaux, sur les lieux, le décor est cocasse. Le siège du Fespaco doit aussi accueillir le Mica (Marché international du cinéma africain et de la télévision). Le cinéaste tchadien Bourma Hassane est passé tâter le pouls. Le siège du Fespaco fait partie des endroits de la ville où bat le cœur du festival. S’il a réussi à récupérer son badge, il doit néanmoins patienter pour recevoir son trousseau de festivalier au complet. « Comme chaque année, je suis venu au siège du Fespaco pour rentrer en possession de mon badge. Mais pour l’agenda et le sac du festival, il faudra attendre. D’ailleurs, je n’ai même pas trouvé d’interlocuteur », soutient-il dans une voix qui sent un peu le dépit.
Entre un temps poussiéreux et une chaleur qui avoisine les quarante degrés, Ouagadougou s’apprête à accueillir son festival de cinéma, le plus grand de tout le continent. Dans la ville, au niveau des grandes artères, les affiches publicitaires autour de cet événement sont presque invisibles. Seulement, ceci n’enlève en rien à l’engouement des Burkinabè. À en croire certains, contrairement aux précédentes éditions, cette année, il y a un regain d’intérêt pour le Fespaco. Grégoire Bazié, journaliste à « Burkina Demain », un site en ligne, pense que la forte mobilisation autour de cette nouvelle édition du Fespaco s’explique par la création de l’Alliance des États du Sahel (Aes). De son point de vue, les citoyens de cette communauté considèrent le festival comme une manifestation des trois pays membres de l’Aes (Burkina Faso, Mali et Niger).
Pour le réalisateur burkinabè, Derra Saïdou, son pays a toujours été prêt pour faire face aux défis. « Il y a un engouement jusque dans les villages. Le Burkina est prêt pour accueillir l’Afrique. Depuis une semaine, le déploiement est en train de se faire. Quand on regarde l’environnement du Fespaco, on sent que les choses ont été minutieusement bien préparées », soutient-il. Vendeur de batteries automobiles au grand marché de Ouagadougou, Daouda Azi piaffe d’impatience pour l’ouverture du Fespaco. « Cette année, nous sommes tous emportés par la fièvre du Fespaco. C’est un moment particulier qui nous permet de rehausser notre chiffre d’affaires », avance-t-il, juché sur sa moto.
Engouement Pour M. Azi, cet enthousiasme s’explique, en partie, par le fait que la situation sécuritaire du pays s’est nettement améliorée. À Ouagadougou, l’inquiétude semble s’estomper pour laisser place à un vent d’espoir qui souffle dans toute la ville. Du côté des autorités, les choses ont été prises en main. Face à la presse, le président du Comité national d’organisation a rassuré les festivaliers. « L’événement se tiendra dans un cadre respectueux des normes sanitaires et de sécurité. Nous invitons l’ensemble des festivaliers au strict respect de ces consignes édictées à l’occasion », affirme Bètamou Fidèle Aymar Tamini.
Rendez-vous incontournable du septième art africain, le Festival panafricain de cinéma et de télévision de Ouagadougou se tient, cette année, du 22 février au 1er mars, sur le thème : « Cinéma d’Afrique et identités culturelles ». Le Tchad est le pays invité d’honneur de cette édition où 17 films issus de 16 pays sont en lice pour décrocher l’Étalon d’or de Yennenga. Sur 1351 films de 48 pays soumis, 235 films ont été sélectionnés. De son côté, le Sénégal sera représenté par 18 films parmi lesquels le long métrage de fiction « Demba » de Mamadou Dia. « Debbo » d’Abdoulahad Wone ; Hair Lover de Babacar Niang (Kalista Sy) ; « Les aventures de Kady et Djudju » de Fatoumata Bath ; « 2002, bataille contre l’oubli » de Abdoul Aziz Basse » ; «Timpi tampa (empreinte) » de Adama Bineta Sow… font partie des films qui vont aussi représenter notre pays.
Par Ibrahima BA (Envoyé spécial)