Décédé le 15 mai 1991, Amadou Hampâté Bâ a laissé un héritage littéraire hors du commun, mais pas que. La Fondation éponyme, basée à Abidjan, en Côte d’Ivoire, est gérée par sa fille, Roukiatou Bâ. Cette dernière perpétue le legs de son père, marchant sur les pas de l’homme de Bandiagara.
Sur les traces de son père. Roukiatou Ba, fille de l’auteur de L’étrange destin de Wangrin, s’est donnée comme mission de perpétuer l’œuvre de son patriarche, dans sa propension à permettre au plus grand nombre d’avoir accès au savoir. Ainsi, elle dirige la Fondation Amadou Hampâté Bâ dont le siège se trouve à Abidjan, en Côte d’Ivoire. L’entité a vu le jour le 9 janvier 2002, soit un peu plus de 10 ans après la disparition de son homonyme. A la fois héritage littéraire et spirituel, cette fondation se veut le prolongement de la philosophie de Hampâté. « Il ne l’a pas vu de son vivant, mais il rêvait de voir un espace où les jeunes viendraient s’imprégner de toutes les connaissances, un terrain neutre, apolitique, où ils viendraient se ressourcer. La mission de la Fondation est de poursuivre l’œuvre d’intérêt général qu’elle nous lègue à travers la sauvegarde du fonds documentaire », confie Roukiatou Ba.
Concernant le fonctionnement, la Fondation reçoit le soutien de l’Etat de Côte d’Ivoire. D’ailleurs, elle a été déclarée comme association d’utilité publique en 2013 après un décret présidentiel lu en Conseil des ministres.
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La Fondation a un réservoir exceptionnel d’œuvres. En effet, il regroupe 60 années de recherches d’Amadou Hampâté Bâ, plus de 300 textes de conférences sur des thématiques diverses et variées, environ 4 000 documents identifiés et près de 20 000 pages numérisées. « On a un immense fonds d’archives d’une valeur scientifique inestimable, beaucoup de documents historiques : El Hadj Omar vu de l’intérieur, et tout l’Empire Peul du Macina en deuxième tome, sur la vie d’El hadj Omar. On a vraiment beaucoup, beaucoup de matières. Donc, ça va faire de la matière à publier. C’est ça la Fondation, mais avec en plus du travail de sauvegarde, parce que c’est dans les esprits qu’il a semé les valeurs fondamentales, donc on organise des activités pédagogiques, culturelles pour suivre la transmission de l’héritage.»
En outre, les locaux ont reçu diverses personnalités dans des domaines aussi variés que la politique, le one man show … Ainsi, l’ancien Président Houphouët Boigny, le Prince de l’Ordre de Malte, Mme Mickaelle Jean, ancienne Secrétaire générale de la Francophonie de l’époque, Audrey Azoulay, l’opératrice générale de l’UNESCO…
Par ailleurs, la Fondation Amadou Hampâté Bâ organise des événements culturels avec des élèves, étudiants…bref, tout le monde. Car pour Roukiatou Ba, son père avait beaucoup d’égards pour tous les invités, quels qu’ils soient.
« Pour Amadou Hampâté Bâ, la richesse de son œuvre et ce qui lui confère toute sa valeur, c’est qu’on ne peut pas être jugé tant à l’aune du statut social. Parce que lui, de son vivant, il recevait le chef de l’État, le Président Félix Houphouët-Boigny, qui, quand il venait là, s’asseyait sur une chaise, et il le considérait avec le même respect que le petit mendiant du coin qui passait ou le mécanicien avec ses habits qui venait à lui. Donc voilà, tout le monde avait une place de choix dans son cœur puisqu’il disait que dans les écritures saintes musulmanes, il est écrit que Dieu dit que le ciel et la terre ne me contiennent pas, mais le cœur de mon serviteur fidèle, oui. Il dit donc qu’aimer son prochain est une manière active et effective d’être avec Dieu. Il dit que c’est pour ça que dès qu’on rencontre une personne, quelle que soit son origine, quelle que soit sa classe sociale, il faut toujours la rencontrer avec le même égard, pour peu qu’il se déplace pour venir vers toi. Donc tu as l’obligation de lui montrer du respect, de la considération. »
Oumar Boubacar NDONGO
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