Le fonds d’appui à la presse aurait moins profité au secteur auquel il est naturellement destiné. Le rapport du ministère de tutelle consigne qu’en 2023, alors qu’il a été de 1,9 milliard de FCfa, 800 millions dudit fonds, soit 45% « ont été alloués à des activités ou structures autres que des entreprises de presse directement». Cet état de fait révèle des dysfonctionnements majeurs qui, dans l’esprit du rapport, ont pour noms « dépenses opaques », « détournement de mission ».
L’opacité, selon Habibou Dia, n’est pas relative qu’aux chiffres qui indiquent de l’argent. Elle est aussi relative à ceux indiquant le nombre même de médias. « Sur les 535 qui ont bénéficié, on s’est rendu compte que légalement et juridiquement, moins de 30% étaient légalement conçus et existaient ». Il en est ainsi de certaines radios communautaires. « Les fréquences sont attribuées mais les radios n’émettent pas », a-t-il souligné. Outre cela, « certains journaux ne sont jamais parus sur la place publique : ce sont des Pdf ». Certaines « télévisions », ne sont en réalité que des chaînes YouTube et qui ne produisent même pas en ligne. Le constat est le même pour la section sites web : «la plupart d’entre eux qui se déclarent médias en ligne digitaux, leurs Url ne sont même pas fonctionnelles ».
Lire aussi : Réforme des médias : Le gouvernement déterminé à aller jusqu’au bout
De 700 millions de FCfa en 2012 à 1,4 milliard de FCfa en 2022, puis à 1,9 milliard de FCfa en 2023, le budget du Fadp aura connu d’importantes hausses. Aucune régression ne sera pas notée. « En 2025, lit-on dans le rapport du ministère dirigé par M. Alioune Sall, ce budget dépassera les 2 milliards de FCfa grâce à l’évolution du paiement des redevances par des éditeurs et distributeurs dont une partie est consacrée au financement de ce fonds ».
Moussa SECK