En janvier 1985, Le Soleil annonçait la venue de Moussa Ngom au Super Diamono de Dakar. Il annonçait la relance d’une vedette qui allait donner de superbes couleurs à la bande à Omar Pène et, au-delà, à la musique sénégalaise.
Le week-end dernier, nous parlions de la Confédération de la Sénégambie. Aujourd’hui, nous dépoussiérons des archives de « Le Soleil» des coupures qui concernent l’un des plus brillants totems de cette union du Sénégal et de la Gambie : Moussa Ngom. Dans un article signé Pape Sédikh Mbodje, en date du 15 janvier 1985, on lit que le chanteur gambien, resté inactif depuis une année, est devenu pensionnaire du Super Diamono de Dakar. Le Sénégambien rejoignait ainsi Omar Pène au micro.
Ainsi, Moussa Ngom, transfuge du Guelwaar-Band de Banjul, prenait part depuis quelques jours aux répétitions au Thiossane night-club de Dakar, avec la bande à Lappa Diagne. C’était au moment où le public sénégalais savourait encore la cassette nouvellement sortie, « Souf », qui marchait très fort. La cassette comporte cinq titres, tous nouveaux, soient « Souf », « Moudjé », « Banna », « Falémé » et « Douway ». Parmi ces titres, « Moudjé » fait le plus plaisir à l’oreille », notait le journaliste.
En ce début d’année 1985, le Super Diamono est en pleine répétition à Thiossane pour préparer une tournée européenne, qui allait sonner par ailleurs le 10e anniversaire du groupe. La tournée devait être aussi l’occasion d’enregistrer une nouvelle cassette. Moussa Ngom y prend part activement, mais plus dans les chœurs. C’est dans l’album suivant, intitulé « Confédération » en son honneur, qu’il fera ses vrais premiers pas. Moussa Ngom fait étalage de son grand talent et met tous les mélomanes d’accord, à travers les interprétations de « Manoré », « Mansali Cissé » et « Touba ». L’album est complété par deux titres de Mamadou Lamine Maïga (« Tara » et « Sutura »), ainsi que le magnifique « Bass » auquel Moussa Ngom passera de superbes airs et couleurs. La tournée européenne précitée actera la notoriété internationale de Moussa Ngom, qui donnera la pleine mesure de son art. « Cette dernière sortie du Super Diamono de Dakar a mis sur orbite la nouvelle recrue Moussa Ngom, qui a émerveillé et conquis le public du festival », écrivait le journaliste Babacar Noël Ndoye dans un article paru le 19 octobre 1985. Il commentait la participation du Super Diamono au festival Nord-Sud, au Phil One de Paris. L’orchestre avait représenté le Sénégal, sur invitation du ministère français des Affaires étrangères. C’était 48 heures (21 et 22 septembre) de musique non-stop, devant des milliers de spectateurs. 56 orchestres ont performé (dont Manu Dibango, Alpha Blondy, Zao, Mbilia Bell, etc.). Toutes ces grosses pointures n’ont joué qu’une seule fois, sauf le Super Diamono qui a ouvert et clôturé le festival, en vedette.
« Le Super Diamono est enfin animé d’une dynamique de groupe que sous-tendent discipline, travail et paix ; c’est ça l’esprit et la force du groupe à l’heure actuelle », décryptait Babacar Noël Ndoye. Et bien sûr, l’artiste-chanteur aux chaussures et chaussettes dissemblables y était pour quelque chose. Un autre article paru le 4 novembre 1985 et signé A.B.D. consacrait d’ailleurs le Sénégambien comme la nouvelle star de la chanson sénégalaise. « Moussa Ngom, c’est d’abord un artiste qui manifeste une présence scénique. Dans sa manière, il est unique. Dans son style, il est un véritable artiste. Ainsi, alors que les deux autres chanteurs, Omar Pène et Lamine Maïga pénètrent dans l’enceinte en moto, lui sera à cheval », parlait ainsi ABD pour célébrer la singularité et l’authenticité de Moussa Ngom, décédé le 11 octobre 2015 à Dakar, à 62 ans.
Mamadou Oumar KAMARA
(Source : Pape Sédikh Mbodje, « Le Soleil » du 15 janvier 1985)