La Grande Muraille est le symbole le plus représentatif de la Chine. L’une des sept merveilles du monde. La Grande Muraille de Chine réalise une traversée sinueuse au milieu des montagnes, des déserts et des plaines de la topographie chinoise. Un groupe de journalistes étrangers qui a récemment séjourné en Chine, a pu visiter une partie de ce gigantesque symbole architectural qui s’étend sur presque 9.000 kilomètres, d’est en ouest.
« J’espère que c’est l’avant-dernier tour pour atteindre le sommet », nous lance la dame voilée en français quand elle nous a croisés sur les marches de la Grande Muraille. Au même moment, nous prenions le chemin inverse après avoir atteint la dernière et la treizième forteresse, sur le site de Mutianyu. En nous apercevant, notre interlocutrice, Pr Mouna Mehani, biologiste, enseignante-chercheuse dans une université algérienne, ne doutait pas que les gens qu’elle croisait comprennent la langue de Molière. Essoufflée, elle ne veut pas abandonner. Car, il n’est pas facile de gravir les différents niveaux et d’atteindre le sommet situé sur le site cité plus haut. Au-delà du désir de grimper, il faut encore y mettre de la motivation. Alors, l’objectif de la biologiste, c’est d’arriver au sommet et de relever le défi. Accompagnée de sa nièce, Pr Mehani confie avoir quitté son pays pour venir visiter cette merveille de la Chine. C’est pourquoi elle veut profiter de cette occasion pour immortaliser ce moment unique. Elle fera ainsi partie des rares touristes ou visiteurs qui ont relevé ce défi qui est d’ailleurs un bel exercice physique. Nombreux ont été ceux qui ont abandonné juste à leur arrivée au premier niveau, à la deuxième ou troisième forteresse.
Située à moins de 80 kilomètres de Pékin, la Grande muraille reçoit des milliers de visiteurs et touristes, de toutes origines. Ce mercredi 28 août 2024, la deuxième cohorte des journalistes étrangers venus en Chine dans le cadre de la coopération médiatique sud-sud a déjà pris départ à 7 heures, en direction de ce site historique et touristique. Le trajet en bus a duré un peu plus d’une heure. Au pied de la Grande Muraille, des groupes de visiteurs se forment pour affronter cette montagne. Pour cela, il faudra avaler quelques gorgées d’eau. Par prudence, il est préférable de garder par-devers soi une bouteille d’eau. Sur un tableau visible, il est mentionné : « Si vous avez des antécédents cardiovasculaires et cérébro-vasculaires, veuillez tenir compte de votre condition physique et de vos capacités lors de l’ascension de la Grande Muraille ».
La muraille traverse des montagnes et d’autres zones géographiques accidentées, de sorte que même les sections les plus simples peuvent être difficiles à parcourir. Pour arriver au dernier tour, il faut au moins faire une heure de marche avec des pauses par moments pour reprendre ses forces. Les escaliers abrupts rendent indispensable le port de chaussures et de vêtements confortables. La première étape que le visiteur franchit, c’est l’imposant temple érigé en face de la porte principale. À la devanture du lieu de culte, de la fumée de l’encens se dégage à partir d’une table. Ce qui donne une forte odeur.
Viser le sommet
Sur place, cinq statues sont gravées sur les murs dont la plus grande occupe le milieu. Un décor impressionnant. Des joyaux, symboles des divinités. Ceux qui désirent y prier, s’en ouvrent à la moniale ou la gardienne du temple. Tout de blanc vêtue, elle échange avec des visiteurs en chinois. Selon la légende, quand on y prie, on deviendra riche. En tout cas, un cérémonial entoure la séance sous la houlette de la maîtresse des lieux. Avec sa cloche tibétaine, elle dirige la prière. Le fidèle, genoux à terre, les mains levées, formule ses vœux devant l’imposante statue. Par la suite, on arpente un long escalier pour déboucher sur la deuxième forteresse. Ici, on retrouve une statue en hommage à l’ancien leader du Parti communiste chinois (Pcc), Mao Zedong, mort en 1976, au milieu de deux vieux obus. Selon la croyance populaire, raconte notre assistante Xingyu, le défunt dirigeant chinois disait qu’un vrai homme doit grimper les marches de la Grande Muraille jusqu’au sommet pour prouver sa bravoure. Après cette étape, cap sur la troisième citadelle. Face à cette forteresse, un groupe de garçons et filles tient en haleine le public avec un spectacle de danse sous fond musical. Leur accoutrement et leur prestation impeccable attirent la curiosité des touristes dont certains commencent à sentir la fatigue après avoir gravi quelques escaliers. Peut-être, une belle manière de les encourager à poursuivre leur parcours. Après cette étape, la succession des dix autres forteresses s’offre au visiteur. Un véritable chemin de croix. Entre deux forteresses, il faut, au moins, arpenter plusieurs marches. Par endroits, sous forme de zigzag. Des chemins sinueux. Difficile de grimper jusqu’au dernier d’un trait. Si certains réussissent à atteindre le sommet, d’autres jettent l’éponge. Dans le groupe des journalistes étrangers en immersion en Chine, seule une dizaine sur les 94 y est parvenue. « C’est ma première visite en Chine, notamment à la Grande Muraille. C’est magnifique et extraordinaire. J’ai failli abandonner. Mais les femmes algériennes sont courageuses. C’est pourquoi j’ai décidé de marquer le point », se réjouit Pr Mouna Mehani. Biologiste et passionnée de la nature, elle a donc voulu tenter cette « aventure », et l’a réussie.
Fernando et son épouse viennent de Rome en Italie. C’est leur première visite à l’Empire du milieu. Le couple a ainsi profité de cette belle opportunité pour visiter cette merveille de la Chine. Croisés à la septième forteresse, Fernando et son épouse ne comptent pas rebrousser chemin s’ils n’atteignent pas la cime. « La Grande Muraille est un édifice impressionnant », témoigne Fernando. « Nous sommes presque arrivés au bout de notre peine. J’avoue que ce n’est pas facile. Cela requiert une condition physique », poursuit, de son côté, Fefe Ngakegni, journaliste à la Télévision nationale du Congo-Brazzaville. « Nous avons voulu franchir ces marches pour marquer notre détermination. La Chine s’est développée grâce à la rigueur et à l’abnégation de sa population.
Fortifications militaires
Quand un homme franchit ses escaliers jusqu’au sommet, il démontre sa motivation », commente-t-il, indiquant que c’est un plaisir pour lui de découvrir la Grande Muraille et de grimper jusqu’à la cime. Adhana Chiang, étudiante à l’institut de Confucius de Mexico au Mexique, et ses camarades sont aux anges, car elle est à deux doigts du sommet. Jeune, elle rêvait de visiter la Chine et sa merveille qu’elle voyait à travers des films et des photos. Aujourd’hui, son rêve s’est réalisé. Elle et ses camarades de classe, en visite en Chine pour quelques jours, sont au bout de leur peine. « L’édifice est magique. Aujourd’hui, je suis comblée de joie », confie-t-elle, en français, enthousiaste. Le seul hiatus, c’est l’absence de guides touristiques sur les lieux. Les données trouvées sur Internet indiquent que la Grande Muraille, classée au patrimoine de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) depuis 1987, reste incontestablement l’une des plus belles et des plus impressionnantes constructions sur la planète terre. Tel un gigantesque dragon, elle domine déserts, vallées, montagnes et plateaux, et s’étend sur presque 9.000 kilomètres, d’est en ouest. Elle s’étend sur les montagnes depuis Jiayuguan ou le passe de Jiayu (un fort) dans le nord-ouest de la Chine jusqu’à la passe de Shanhai dans le nord-est (l’un des principaux passages de la Grande Muraille). Elle est connue sous le nom de « Mur des dix mille Li », ou Mur des dix mille miles (« Li » est l’équivalent chinois d’un mile).
Construite il y a environ 2000 ans, elle continue d’attirer chaque année des milliers de touristes venus des quatre coins du globe grâce à sa grandeur architecturale et aux légendes qui l’entourent. Tout autour de ce joyau de la culture chinoise, un magnifique paysage et un air frais s’offrent aux visiteurs qui ne se lassent pas de contempler la beauté de la nature en apercevant de nombreuses montagnes. Servant dans un premier temps de fortifications militaires aux États de Yan, Zhao et de Qin, elle a subi plusieurs extensions et réparations au fil des années. Dans un premier temps, les murs n’étaient pas rattachés. C’est l’Empereur Qin Shihuang qui a fait relier les différentes parties afin de repousser les Huns. De vieux missiles utilisés lors de ces guerres sont exposés sur le site.
Il n’y a, cependant, que très peu d’informations sur sa construction. On imagine que des matériaux régionaux ont été utilisés. Parmi les ouvriers, on retrouve des soldats, des prisonniers et des autochtones. Encore aujourd’hui, elle joue un rôle important dans la culture du pays. Elle a longtemps été intégrée à la mythologie et au symbolisme chinois. La Grande Muraille est l’un des symboles architecturaux de l’histoire de la Chine. Cet ensemble de fortifications militaires a été érigé sur une période qui s’étend du Ve siècle avant Jésus-Christ au XVIe siècle. Son utilité principale ? Contenir les invasions barbares en provenance du nord de l’actuel territoire chinois. Les prémices de sa construction sont toutefois à trouver du côté de la guerre que se menaient les royaumes combattants entre eux, avant l’unification chinoise.
Par Souleymane Diam SY de retour de la Chine