Après avoir dépouillé, fait des simulations, ensuite produit et réalisé tout cela, les gens ont considéré que le film « Black & White » était réussi. Mais Maguette restait insatisfaite. Son obsession était de redonner âme aux vêtements sur les photos et documentaires d’archives. «Je suis retournée à l’Ifan, au Crds de Saint-Louis, cherché de livres, eu des entretiens avec des chercheurs et des ethnographes, me suis rendue dans des contrées, avant d’en arriver à La Penderie de Maam », confie Maguette Gueye, obstinée dans le perfectionnisme, et généreuse dans ses formes comme dans son caractère.
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Maguette Guèye a principalement découvert une intelligence dans le design d’époque. On cousait et utilisait des matières en tenant compte du climat, de l’environnement, des gestes, de la condition sociale, … « Je désire ressusciter ces matières et les utiliser pour mes créations. Je suis dans cette démarche. Ça demande beaucoup de moyens et de temps de faire de l’artisanat fait main. Avant, on pouvait faire un pagne durant une année, pour installer tous les motifs et le design », fait-elle savoir. Elle trouve regrettable que nous n’ayons pas un répertoire accessible de notre patrimoine vestimentaire. Selon elle, ça devait être la base des études des élèves stylistes. Avec son label, elle fait sa part du devoir. « Je veux créer cette vestiaire vintage et inventer une adresse. Au-delà de la recherche graphique, faire la reconstitution des vêtements, de sorte que tous ceux qui veulent voir et savoir aient en face d’eux les habits, modèles et matières. Je veux que ça soit une adresse pour lire et toucher cette histoire, archive de l’esthétique sénégalaise », professe l’artiste, qui dit son dépit de voir les morceaux de notre patrimoine éparpillés dans des musées et universités d’autres pays.
M.O. KAMARA