Derrière l’antre d’un passionné à Dakar, un monde insoupçonné s’ouvre : celui des Otaku et des Geek. Deux univers distincts, deux manières de rêver et de créer, mais animés par la même énergie, la même soif de partager et de s’émerveiller.
L’Otaku puise son inspiration dans le soleil levant du Japon. Il connaît les arcs narratifs des mangas et les mélodies des animés comme on se souvient des comptines de l’enfance. Sa chambre est un sanctuaire où s’alignent, avec un soin presque religieux, figurines et estampes. Les soirées s’égrènent au rythme de marathons anime, ponctuées de fous rires, de débats enflammés et de théories audacieuses. Mais sa passion ne s’arrête pas là : à Dakar, les rencontres, projections et conventions cosplay transforment la ville en un carnaval de couleurs et de personnages. Naruto esquisse un salut entre deux parties de jeu ; Sailor Moon sourit dans un coin tandis que Goku, immuable, semble prêt à s’élancer pour un nouveau combat. Le cosplay n’est plus un simple déguisement : c’est un langage, un fragment d’imaginaire offert au regard des autres, une invitation à partager un moment de pure magie.
Le Geek, lui, observe le monde à travers le prisme du code, des jeux vidéo et de l’innovation numérique. Chaque sortie de jeu, chaque mise à jour devient une aventure à explorer, à comprendre et à célébrer. Il code, il stratège, il commente avec l’enthousiasme d’un connaisseur, et chaque victoire pixelisée se transforme en petite épopée personnelle. Son univers est vaste et ouvert : des sagas Marvel aux tournois e-sport locaux, des dernières innovations aux débats passionnés sur le jeu en réseau. Chaque découverte nourrit son imaginaire et attise sa créativité.
Si leurs quêtes diffèrent, Otaku et Geek sont unis par la même ferveur. Ils sont les architectes discrets de mondes parallèles, les passeurs d’univers que d’autres ne font qu’entrevoir. À Dakar, dans la pénombre lumineuse des salles de jeux ou sous le soleil éclatant des conventions, leurs chemins s’entrecroisent, se répondent, et parfois se confondent. Les identités deviennent poreuses : tour à tour Otaku et Geek, selon les passions et les rencontres.
Le Sénégal, terre de curiosité et de créativité, voit s’épanouir ces tribus discrètes mais vibrantes, qui insufflent à la culture contemporaine le souffle vif de l’imaginaire. Et si demain, au lieu de les regarder de loin, on osait les appeler pour ce qu’ils sont vraiment : non plus des marginaux, mais les visages ardents d’une nouvelle passion sénégalaise ?


