La Société sénégalaise de presse et de publication (Sspp) a présenté aux autorités du Sud du pays Le Soleil du Sud, un nouveau magazine qui entend mettre l’accent sur les opportunités économiques, culturelles et sociales dont regorge la Casamance naturelle. Mieux, il vise à promouvoir les réalisations des pouvoirs publics dans un Sud marqué par une nouvelle dynamique, après plus de quatre décennies de conflit.
ZIGUINCHOR – L’élan est donné. En procédant, hier vendredi, au lancement officiel du nouveau magazine mensuel Le Soleil du Sud, la Sspp s’est engagée à bâtir une nouvelle vitrine pour le développement social, culturel et économique de la Casamance. De Sédhiou (Pakao) à Kolda (Fouladou), en passant par Ziguinchor (Fogny, Bandial et Kassa), ce mensuel se donne pour mission de raconter une autre histoire. « Une histoire plus joyeuse, plus reluisante de la Casamance naturelle, en montrant tout ce qu’elle recèle comme potentiel agricole, touristique, économique et culturel », a assuré Lamine Niang, directeur général de la Sspp, devant plusieurs personnalités religieuses, économiques et traditionnelles.
De son côté, le gouverneur de la région de Ziguinchor, Mor Talla Tine, estime qu’au-delà de renforcer la diversité des sources d’information, ce mensuel va permettre au monde entier de découvrir les multiples facettes de la Casamance naturelle. Il a, par la même occasion, salué les changements opérés sur le plan éditorial. « En tant qu’ancien préfet de Dakar, quand on parlait du Soleil, c’était surtout à propos des remous sociaux. Mais depuis votre arrivée, on constate un climat de sérénité et de travail propice à la réalisation de performances », a-t-il déclaré. Selon lui, aujourd’hui, le lecteur a la possibilité d’avoir entre ses mains plusieurs quotidiens, mais « quand il lit Le Soleil, il se rend tout de suite compte du professionnalisme et de la qualité de l’information traitée ».
Il a loué le travail des agents du quotidien Le Soleil. Fidèle lecteur, il a invité les services déconcentrés de l’État à s’abonner : « C’est une manière de soutenir la recherche et la diffusion d’une information juste, vraie et crédible ». Équité informationnelle Avec cette belle initiative, le directeur général Lamine Niang a réussi à rendre effective la distribution du quotidien en Casamance. Jusque-là, Le Soleil était visible seulement dans quatre régions du pays : Dakar, Thiès, Saint-Louis et Kaolack. Depuis son arrivée à la tête de la direction générale, Lamine Niang a œuvré pour un déploiement régulier dans plus de 21 localités.
« J’ai vu là une injustice. Un manquement en matière d’équité informationnelle. C’est dans ce sillage que nous avons travaillé à ancrer davantage notre présence. Cela nous a conduits à ouvrir un bureau à Ziguinchor, avec tout le personnel nécessaire : journalistes, commerciaux, photographes », a soutenu Lamine Niang. En plus de cette ambition de poursuivre la mission de service public, la direction générale veut, en toute cohérence, apporter une touche informationnelle à la vision des nouvelles autorités, notamment dans le cadre de la décentralisation et du développement des pôles économiques.
Mettre le curseur sur le Pd
Le Soleil dispose d’un atout majeur pour mettre en lumière toutes les opportunités existantes. Ainsi, pour Lamine Niang, ce nouveau mensuel se donne pour objectif de montrer comment la cinquantaine de milliards financée pour la mise en œuvre du Plan Diomaye pour la Casamance (Pdc) permettra un véritable décollage de cette région naturelle. Toutefois, « nous n’allons pas fermer les yeux sur les difficultés. Mais il faut mettre l’accent sur un autre narratif, face à cette aventure douloureuse qu’a connue cette partie du pays. Il faut ouvrir un nouveau chapitre, fait d’histoires, de promesses et d’opportunités à saisir dans cette belle région naturelle de Casamance », a souligné Lamine Niang. De son côté, Mor Talla Tine a affirmé que le Plan Diomaye pour la Casamance constitue un pas décisif vers la relance des activités économiques et sociales. « Ce plan sera consolidé par d’autres grands investissements qui n’épargneront aucun secteur d’activité. En ce qui concerne l’agriculture, le ministre du secteur a effectué une mission dont l’objectif est d’examiner comment redynamiser les installations du barrage d’Affiniam », a-t-il rappelé. Ledit barrage polarise plusieurs vallées qui méritent d’être réaménagées pour renforcer la production agricole, en baisse depuis quelques années. Cette situation est aggravée par la salinisation des terres et le désintérêt manifeste des jeunes pour l’agriculture.
« Ces défis nous interpellent, et à travers ce mensuel, nous aurons l’occasion de participer à la sensibilisation, d’intéresser les investisseurs et la diaspora casamançaise aux opportunités qu’offre cette région ».
En Casamance, la crise qui a duré plus de quatre décennies a fait de nombreuses victimes. Des populations ont été meurtries, contraintes à l’exil, laissant tout derrière elles. Avec l’accalmie qui s’installe, elles commencent à regagner leur terroir. Cependant, nombreux sont les médias qui continuent de braquer leur projecteur sur ce passé douloureux. «Aujourd’hui, nous disons : ça suffit ! Nous tournons la page, non pas pour oublier, mais pour écrire un nouveau chapitre — celui de la reconstruction et de la réconciliation durable. Le Soleil doit accompagner la refondation de la Casamance », a déclaré Lamine Niang.
Ce magazine mensuel donne l’occasion de déconstruire certains clichés souvent accolés à la région, a ajouté M. Tine, gouverneur de Ziguinchor : « Quand on parle de la Casamance, les gens pensent trop souvent à son aspect négatif. Certes, il subsiste encore quelques incidences, mais à travers cette initiative, il faut insister sur ses aspects positifs, qu’ils soient culturels, économiques ou sociaux. »
Jonas Souloubany BASSENE
Terre d’Histoire, lueurs d’espoir
Casamance ! Terre des femmes et des hommes valeureux. Terre de tradition, d’histoires, d’enracinement et d’ouverture ! C’est cette fascinante Casamance, incomprise parfois, toujours fière, qui a accueilli dans sa chaleur humaine le premier rayon du Soleil du Sud. La mise sur orbite a été un succès. Les attentes ont été nombreuses, obligeant la Sspp Le Soleil à se faire le porte-voix fidèle de la terre d’Aline Sitoé Diatta, d’Alpha et Moussa Molo Baldé, de Djignabo Bassène, d’Assane Seck, d’Émile Badiane…Mais quels que soient les méandres des bolongs, la densité des forêts, Le Soleil dispose de suffisamment d’énergie pour darder de ses chaleureux rayons la Verte Casamance qui lui tend les bras, au vu de l’accueil d’hier. La merveille naturelle du Sénégal a son histoire à raconter, ses traditions à faire découvrir, sa joie de vivre à transmettre, son potentiel à étaler et à offrir pour le développement de notre pays. Autant de forces et d’atouts noyés dans le chagrin d’un conflit armé qui n’aurait jamais dû survenir, tant le peuple sénégalais dispose de ressources et de ressorts pour absorber et prévenir certains chocs. La Casamance, elle, qui réussit avec l’aide massive de l’État du Sénégal à cicatriser ses blessures, est prête à lever tous les malentendus et incompréhensions. Du passé, tirons les leçons et sachons nous projeter vers un avenir de tous les possibles, vers le développement, main dans la main. Expression parfaite de toutes nos diversités (religieuse, culturelle, ethnique…) dans l’unité, la partie australe du Sénégal se reconstruit, patiemment mais sûrement. Non pas en se repliant sur elle-même, mais en s’ouvrant aux investisseurs de tous ordres, sous l’impulsion de l’État. Ce n’est pas un hasard si la Casamance est le réceptacle de plusieurs projets et programmes de l’État pour le développement rural, le retour des déplacés, la paix (Projet d’appui au développement rural en Casamance – Paderca, Projet d’accompagnement des déplacés de retour en Casamance – Padec). La dernière trouvaille en date, c’est le Plan Diomaye pour la Casamance, doté de 53 milliards de Fcfa, lancé par le nouveau régime. La région est de plus en plus sillonnée de routes en très bon état, ouvrant largement la voie à l’acheminement et à la transformation — génératrice d’emplois — de la production agroforestière de la zone. L’heure est venue de faire jouer à la partie sud du pays sa vocation agro-industrielle. Terre d’histoires et de valeurs, la Casamance a beaucoup à nous dire et à nous apprendre sur elle-même. Ses cultures — qu’elles soient diola, mandingue, balante, peule, etc. — fascinent et constituent des arguments solides pour booster le tourisme au Sénégal. Chanter la Casamance dans toute sa beauté, autrefois occultée par les sombres nuages d’un conflit armé, c’est chanter aussi le dialogue islamo-chrétien, c’est honorer nos religions traditionnelles. Le Soleil du Sud compte bien jouer sa partition dans cette symphonie: valoriser, mais aussi se faire l’écho des difficultés auxquelles sont confrontés ces dignes filles et fils du Sénégal, pour le bien de notre pays.
Par Malick CISS