À l’occasion de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, célébrée le 27 octobre, la Direction de la cinématographie du Sénégal (Dci) a rendu hommage à Paulin Soumanou Vieyra, figure fondatrice du cinéma africain. À travers cet événement, la Dci a mis en lumière l’importance de la sauvegarde et de la numérisation des archives audiovisuelles, véritables témoins de l’histoire du pays.
Le 27 octobre, date symbolique de la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel, a pris cette année une dimension particulière à Dakar. Hier, dans son siège, la Direction de la cinématographie du Sénégal (Dci) a choisi de marquer cette journée par un hommage à Paulin Soumanou Vieyra, à l’occasion du centenaire de sa naissance (1925-2025). « Cette date coïncide avec la Journée mondiale du patrimoine audiovisuel. Nous avons jugé nécessaire de la célébrer en honorant la mémoire de Paulin Soumanou Vieyra, un pionnier du cinéma subsaharien », a expliqué Maïmouna Diouf, responsable des archives audiovisuelles à la Dci. Béninois de naissance et Sénégalais d’adoption, de 1960 à 1975, Vieyra fut le directeur des Actualités sénégalaises, principal médium d’information avant l’avènement de la télévision et de la radio. Ces courts films, diffusés dans les salles avant les projections, informaient la population sur la vie nationale et internationale. « Il a joué un rôle capital dans la production de ces actualités, qui étaient alors le principal vecteur d’information pour les Sénégalais », a rappelé Mme Diouf. À en croire la responsable, la Dci conserve aujourd’hui un patrimoine audiovisuel exceptionnel, héritage direct du ministère de l’Information de l’époque. Ces archives couvrent près d’un siècle, de 1900 à 1980, et retracent l’histoire politique, sociale et culturelle du Sénégal. « Nous avons hérité de ces trésors et, depuis 2019, nous effectuons un travail d’inventaire pour identifier et valoriser ce que nous possédons », a-t-elle précisé.Dans le laboratoire des archives audiovisuelles, a-t-elle poursuivi, la Dci dénombre plus de 150.000 clichés et négatifs, des bobines de films, des appareils photographiques anciens, des projecteurs de cinéma et une riche documentation papier. Pour Maïmouna Diouf, cette collection est bien plus qu’un simple fonds patrimonial : « On dit souvent que la Dci, c’est la mémoire du pays, parce que nos archives racontent son histoire à travers la politique, la culture, la sociologie… tout y est. »
Au-delà de la préservation, la Dci souhaite encourager les jeunes cinéastes sénégalais à s’inspirer de l’œuvre de Paulin Soumanou Vieyra et à exploiter les archives existantes pour créer de nouvelles œuvres. « Les jeunes réalisateurs peuvent venir consulter nos archives pour réaliser des documentaires et faire revivre la mémoire de ces hommes aujourd’hui méconnus », a souligné Maïmouna Diouf. P. S. Vieyra, dit-elle, qui a travaillé notamment aux côtés de Ousmane Sembène, demeure une référence incontournable pour toute une génération d’artistes. « C’est un modèle à suivre : il a accompagné les grands cinéastes et contribué à forger une identité cinématographique africaine. »
Adama NDIAYE


