L’enseignant-chercheur en sciences politiques à l’Université Gaston Berger (UGB) de Saint-Louis a présenté ce 19 juillet 2025 son nouvel ouvrage intitulé « Le consensus politique sénégalais, une arlésienne ». Le Dr Pape François Diallo propose dans son livre une analyse critique de la place du dialogue dans le fonctionnement de la démocratie sénégalaise et de la fragilité persistante des consensus qui régissent la vie politique du pays.
S’entretenant avec la presse, l’auteur du livre “Le consensus politique sénégalais, une arlésienne” dira que le Sénégal se présente souvent comme un pays de dialogue, mais cet idéal reste peu étudié sur le plan scientifique. « Le dialogue est omniprésent dans les discours politiques et médiatiques, mais il est très peu pensé comme objet de recherche. Pourtant, c’est lui qui conditionne la stabilité des institutions et la régulation de la compétition électorale », explique Dr Diallo. Selon l’ouvrage, la démocratie sénégalaise demeure fragile, car les règles du jeu politique sont sans cesse renégociées à chaque alternance. « Contrairement aux démocraties consolidées, où les institutions et les règles sont stables, le Sénégal passe son temps à redéfinir son architecture institutionnelle. Chaque régime instrumentalise le dialogue national pour légitimer ses réformes, mais ces dialogues produisent rarement de véritables consensus durables », a-t-il analysé. Pour le politologue, cette instabilité nourrit les tensions et les crises préélectorales récurrentes. Il plaide pour l’émergence de « consensus dynamiques et intégrateurs » permettant de sanctuariser les règles électorales, de stabiliser les institutions et de consolider la démocratie. « Notre démocratie est encore en construction. Elle ne pourra se consolider qu’en respectant les règles communes, afin que les alternances politiques ne remettent pas constamment en cause les fondements du système », insiste Dr Diallo. L’enseignant chercheur invite ainsi les acteurs politiques, la société civile et les citoyens à repenser en profondeur le dialogue national, non plus comme un outil de circonstance, mais comme un levier pour bâtir une démocratie sénégalaise stable et durable.
Jeanne SAGNA (Correspondante)