À l’occasion de son 55éme anniversaire célébré ce mardi 20 mai, Le Soleil a organisé un panel sur le thème « Le Soleil face aux mutations du paysage médiatique ». L’occasion de souligner les différentes ambitions de l’astre de Hann.
Depuis sa première parution en 1970, à 2025, Le Soleil a traversé les âges, mais aussi le paysage médiatique sénégalais. Ainsi, avec les dernières mutations liées notamment à la technologie, il s’est agi de s’adapter, de se réinventer presque. Chose assimilée par l’astre de Hann. Dans ce panel modéré par Ballé Preira, les invités de marque étaient Mamadou Ndiaye, expert en sciences de l’information et directeur du Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information Mame Less Camara (CESTI-MLC) ; Habid Demba Fall, ancien du Soleil ; et Abdou Diaw, ancien du Soleil et qui a mis en place le magazine économique et financier Le Marché.
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Habib Demba Fall a notamment mis le doigt sur la nécessité pour le média de vivre avec son époque tout en ne dérogeant pas à certaines règles qui font sa particularité. « Le pari pour Le Soleil est de savoir comment rester le même et changer. C’est très difficile car il faut suivre sa ligne éditoriale tout en s’adaptant aux besoins de lecture. L’évolution du contexte, la technologie, sont autant de contingences », estime-t-il d’abord. Selon M. Fall, on est à une époque où le journalisme doit faire face au public qui parfois veut s’immiscer. Il faut donc créer une identité de lecture car l’environnement change. « Il faut innover, proposer un nouveau contrat de lecture. Est-ce qu’Il suffit toujours de relayer les infos de l’État ? Non ! Il faut participer à la consolidation de la démocratie et permettre aux citoyens de comprendre les missions de service public », ajoute-t-il. Toujours d’après Habib Demba Fall, le lectorat évolue, il faut donc mettre en place une offre de lecture adaptée aux nouvelles générations.
Digital et data journalisme
Pour Abdou Diaw, il ne faut pas attendre car le changement est déjà là. « Le digital ne peut pas mentir, ce sont des faits réels. Les réalisations faites en si peu de temps par le site du Soleil sont extraordinaire. C’est une excellente chose d’avoir relancé le site internet. Il faut toutefois investir sur d’autres choses comme le data journalisme (journalisme de données) qui est basé sur des illustrations, et cela peut permettre de varier l’offre», argue-t-il.
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Monsieur Diaw d’ajouter qu’il est également impératif de labelliser l’entreprise. « Il faut valoriser la marque Le Soleil et s’inscrire peut-être sur une dynamique de certification ».
Mamadou Ndiaye, directeur du CESTI a, quant à lui, invité à une vigilance face aux changements technologiques qui pourraient « remplacer » certains aspects du métier de journaliste.
« Le paysage médiatique sénégalais subit de profondes mutations. Et depuis quelques années, dans le cadre de nos réflexions sur des articles scientifiques, nous avons toujours dit que la presse traditionnelle devait s’adapter à l’évolution technologique et celle des modes de consommation de l’information. Aujourd’hui, l’identité du Soleil c’est un quotidien qui a des journalistes compétents, mais du point de vue technologique on se rend compte aussi que Le Soleil aurait dû dépasser ce stade. Malheureusement, pendant longtemps, les gens pensaient que faire du journalisme web revenait simplement à calquer ce qui se faisait sur le papier », analyse d’abord l’expert en sciences de l’information, qui voit toutefois quelques changements positifs. « Mais depuis quelques années, il y a un travail qui est fait, il y a un parti pris pour le digital. Et c’st crucial à l’ère de l’intelligence artificielle générative. Cette dernière peut générer plus de 2000 articles par jour, c’est un élément important. Il faut donc que les journalistes fassent attention. L’humain est plus intelligent que l’intelligence artificielle, donc il ne faut pas que ce talent humain disparaisse. Il faut donc que des organes comme Le Soleil puissent utiliser cette intelligence artificielle pour analyser aussi les besoins de consommation », soutient-il ensuite.