Quand le soleil se couche sur la mer, la Place du souvenir africain s’illumine d’une lumière dorée, transformant le lieu en une toile de fond parfaite. C’est ici, à l’intersection de la beauté naturelle et du dynamisme urbain de la corniche ouest de Dakar, que des photographes comme Oumar Doukouré, Souleymane Faye et Sya Seydi ont trouvé bien plus qu’un simple cadre pittoresque. Ils y ont bâti une entreprise florissante, transformant leur passion pour la photographie en une source de revenus durable.
Pour ces entrepreneurs de l’image, la place n’est pas seulement un site touristique ; c’est un véritable terrain de jeu entrepreneurial, un marché en constante évolution. Ils se distinguent non seulement par leur talent, mais aussi par leur capacité à s’adapter et à innover dans un environnement concurrentiel. Chacun de ces photographes a un parcours unique, mais tous partagent une vision commune : faire de la photographie un métier. Oumar Doukouré, de parents sénégalais et originaire de Franceville au Gabon, étudiant en agronomie, est arrivé sur la place il y a deux ans, inspiré par son frère déjà dans le domaine.
Le jeune Doukouré a su saisir cette opportunité pour faire de la photographie son gagne-pain. Pour lui, ce n’est pas une reconversion, mais plutôt un choix naturel. « La photographie n’était pas un choix de reconversion, mais plutôt une opportunité que j’ai saisie », explique Oumar.
Ses services sont simples et efficaces. Il propose des portraits et des photos souvenirs aux visiteurs à 300 FCFA le jour, et 500 FCFA la nuit avec son matériel complet. Mais pour Oumar, la réussite ne se résume pas à un simple tarif. « C’est un endroit calme, propice au travail, mais il faut constamment s’adapter à la concurrence. C’est un marché qui exige de la persévérance » confie-t-il, soulignant la nécessité d’une persévérance constante dans ce marché très dynamique. La Place du Souvenir Africain, sous leur objectif, est bien plus qu’un lieu ; c’est un incubateur de talents où la passion se mue en prospérité.
La synergie entre passion et compétences
Pour Souleymane Faye, étudiant en Master 1 à l’Université numérique Cheikh Hamidou Kane, la photographie est une extension de sa formation en multimédia et de son travail d’infographe. Il a su combiner ses compétences pour proposer une offre de service plus large. « La photographie est une passion de longue date, mais c’est en parallèle avec mon travail d’infographie que je me suis vraiment installé ici (place du souvenir : ndlr) », raconte Souleymane.
Il ne se contente pas de prendre des photos ; il propose également des créations graphiques et des impressions numériques, ce qui lui permet de se démarquer. « Je fais souvent de l’infographie la nuit, après mes heures de travail. Cela me permet de bien m’organiser », explique-t-il, soulignant l’importance de la diversification pour prospérer.
Loin de voir la concurrence comme un obstacle, il la perçoit comme une motivation. « La concurrence est saine. Elle pousse chacun à se dépasser, à innover. Et au final, ça profite à tous », affirme-t-il avec optimisme.
Une vision à long terme : de la rue au studio
Sya Seydi incarne la figure de l’artiste autodidacte. Ayant commencé avec un simple téléphone, il a investi dans du matériel professionnel en 2021, poussé par son amour du détail. « Quand on aime la photographie, chaque détail compte. C’est pour ça que j’ai investi dans du matériel de qualité. Mais au départ, tout ce que j’avais, c’était mon téléphone », se souvient-il.
Sya, spécialisé dans les photos souvenirs et les séances privées, ne voit pas son travail comme une simple transaction, mais comme une manière de capturer l’essence de la ville. « C’est l’endroit où je peux capturer l’âme de Dakar à travers les gens et l’atmosphère qui règne ici », dit-il.
Son ambition va au-delà de la Place du Souvenir. Sya rêve d’ouvrir son propre studio à Dakar, un projet audacieux dans un marché immobilier coûteux. « J’ai pour projet d’ouvrir un studio à Dakar. Bien que l’immobilier soit cher, c’est un investissement que je veux réaliser dans un futur proche », confie-t-il, avec l’espoir de créer un espace pour des expositions et des formations, transmettant ainsi sa passion à d’autres.
Défis et perspectives d’avenir
Malgré leur succès, ces photographes ne sont pas à l’abri des défis. L’essor de la photographie sur smartphone et l’accessibilité des appareils photo à bas prix créent une concurrence féroce. Néanmoins, ils y voient une opportunité de se distinguer en offrant un service de qualité et en créant une relation de confiance avec leurs clients.
Oumar, Souleymane et Sya sont les visages d’un marché dynamique à la Place du Souvenir. Ils ont su transformer un simple loisir en une activité économique à part entière. Leur succès repose sur leur capacité à créer des liens et à immortaliser des souvenirs, faisant de chaque clic une contribution à l’économie locale.
Cheikh Tidiane NDIAYE