La 12e édition de l’Émergence films festival a été lancée, le samedi 1er novembre, à Lomé. Se déroulant jusqu’au 6 novembre, le plus grand festival togolais de cinéma met le Sénégal à l’honneur cette année pour sa considérable référence cinématographique.
LOMÉ – Pour sa 12e édition, lancée samedi 1er novembre au Cinéma Olympia Godopé, Émergence films festival a choisi le Sénégal comme pays invité d’honneur. Ce rendez-vous cinématographique (1er-6 novembre) verra la projection de 41 films au total, soit 34 courts-métrages et 7 long-métrages venant de 24 pays d’Afrique et de sa diaspora. Cinq long-métrages vont être en compétition officielle pour le grand prix. En vedette, hors concours, « Une si longue lettre » d’Angèle Diabang va être projeté. Le film en est à sa première au Togo. Cette adaptation du roman éponyme de Mariama Bâ est en train de battre tous les records d’audience en salle au Sénégal depuis juillet, supplantant même les blockbusters et détrônant le mythique « Baks Yamba » (1974) qui détenait le record d’entrée en salle depuis près de 50 ans. Par ailleurs, l’autrice, productrice et réalisatrice Angèle Diabang est la présidente du jury long-métrage d’Émergence films festival. Le jury court-métrage est aussi présidé par une Sénégalaise, la médiatrice culturelle Johnnie Merry. Aux côtés du comédien béninois Aldot B. Issoufou et du réalisateur ivoirien Charles Landry Agbadou, elle choisira le grand prix parmi les 34 courts-métrages en compétition.
Dans cette sélection, figurent « Silence » de Ngoné Dar et « Soxamoon » du jeune réalisateur sénégalais Ibrahima Barry. Ce dernier, projeté en film d’ouverture du festival, a été fortement accablé par un public conquis par son esthétique et sa puissance. C’est un film qui célèbre l’art de bout en bout. Soxamoon, l’acteur principal, est un jeune sculpteur marié à une jeune femme couturière. Ils sont tous les deux sourds-muets et sans enfant, vivant dans une solitude oppressante représentée par le silence. Alors que le mari sculpte des statuettes « Fertilité de Bangwa » et des poupées à l’image de l’enfant désiré, sa femme confectionne des habits pour habiller l’enfant imaginaire. L’art se fait écho de leur désir de paternité et de maternité, y trouvant un asile. Dans un va-et-vient entre la réalité et le réel, entre le cœur rongé et le réconfort furtif, le couple va finalement trouver le salut entre la musique qu’il n’entend pas, mais dont il sent les bienheureuses vibrations, et va se lier par la danse de leurs deux corps retrouvés. Le film chante l’amour et l’espoir, l’art-thérapie et le choix du mieux. Le parrain de cette 12e édition est le cinéaste et comédien burkinabè, Gustave Sorgho. Talent confirmé, visage familier aux spectateurs subsahariens depuis 4 décennies, il a dit son émotion de voir un «si beau festival choisir comme parrain et célébrer un acteur et comédien ». Gustave Sorgho y voit une volonté et un moyen de redonner à ces métiers l’importance et le sérieux qu’ils exigent. Il va, par ailleurs, animer, le mercredi 5 novembre, une table-ronde sur les « Enjeux et les défis du métier d’acteur de cinéma en Afrique ». Un atelier d’acteurs, animé par le Burkinabè Galiam Bruno Henry, forme, depuis le 28 octobre, des jeunes sur la diction, la maîtrise du corps et de la voix, la gestion du trac et des trous de mémoire, ainsi que la préparation physique et mentale pour incarner un personnage. Pour l’un des programmes phares du festival, l’Émergence Fils Lab, laboratoire international de développement de films, le volet documentaire est assuré par le producteur sénégalais Souleymane Kébé.
Par Mamadou Oumar KAMARA (envoyé spécial)

								