Le musée Alboury Ndiaye, témoin de l’histoire du royaume du Djoloff, est en quête de renaissance. Situé à Yang-Yang, commune du département de Linguère, ce site patrimonial abrite les vestiges du palais royal du Djoloff, Alboury, figure emblématique de la résistance anticoloniale. Malgré sa valeur historique et culturelle, le musée souffre aujourd’hui d’un manque d’entretien et d’infrastructures adaptées.
LINGUÈRE – Au cœur de Yang-Yang, ancienne et dernière capitale du Djolof après Ouarkhokh, se dresse un lieu chargé d’histoire et de mémoire : le Musée Alboury Ndiaye. Ce site patrimonial est installé dans l’ancien palais royal du Djolof, Alboury (1848-1901). Pourtant, malgré son importance historique, le musée est aujourd’hui confronté à un manque d’infrastructures, suscitant un appel pressant pour sa réhabilitation et son équipement.
Le musée Alboury Ndiaye n’est pas un musée comme les autres. Il est le fruit de la volonté de Mansour Bouna Ndiaye, fils du roi, qui transforma le palais familial en lieu de mémoire afin de préserver les vestiges du royaume du Djolof. On y trouve des objets royaux, des documents historiques, des armes traditionnelles, des amulettes d’Alboury ainsi que des témoignages de la vie politique et culturelle de l’époque. Mais ce patrimoine est en péril. Ce grand bâtiment colonial datant de 1895, composé d’un rez-de-chaussée et d’un étage, souffre d’un manque criant d’entretien. Les collections qui s’y trouvent ne sont pas correctement conservées et les infrastructures ne permettent pas d’accueillir les visiteurs dans des conditions dignes. En effet, la cour du musée et la devanture ne reflètent pas le bon décor. Pape Khalifa Ndiaye, conservateur du musée, sollicite la réhabilitation de ce joyau architectural.
Un enjeu de mémoire et d’identité
Par conséquent, les acteurs locaux, les historiens, les descendants de la famille royale et les passionnés de culture appellent à une mobilisation collective. Ils souhaitent que le musée devienne un véritable centre culturel, éducatif et touristique, capable de transmettre aux générations futures l’histoire du Djolof et de ses figures emblématiques.
Réhabiliter le musée Alboury Ndiaye, c’est aussi affirmer l’importance de l’histoire africaine dans le récit mondial. C’est reconnaître la valeur des résistances locales, des royaumes précoloniaux, des figures comme Alboury Ndiaye qui ont marqué leur époque par leur courage et leur vision. Ce musée pourrait devenir un lieu de dialogue entre passé et présent, entre tradition et modernité, entre mémoire et avenir. D’après Modou Ndong, deuxième guide du musée et enseignant à l’école élémentaire de Yang-Yang, il pourrait accueillir des expositions, des conférences, des ateliers pédagogiques et devenir un point de référence pour les chercheurs, les étudiants et les visiteurs. Ce faisant, il demande à l’État du Sénégal de construire un autre bâtiment dans l’enceinte de la cour avec toutes les commodités. M. Ndong sollicite aussi le pavage collectif de la cour et de la devanture du patrimoine. Pour notre interlocuteur, le musée Alboury Ndiaye mérite d’être sauvé, valorisé et célébré. Sa réhabilitation serait un acte fort en faveur de la mémoire historique, de la culture sénégalaise et de l’identité africaine. L’appui des autorités, mécènes, institutions culturelles et citoyens permettrait de redonner vie à ce joyau architectural méconnu du patrimoine national.
Khalifa Ababacar Sy Ndiaye, un gardien de la mémoire du Djolof
Sur la terre de la résistance et de la dignité de Yang-Yang, Khalifa Ababacar Sy Ndiaye préserve avec passion le musée Alboury Ndiaye. Il consacre sa vie à la sauvegarde du patrimoine culturel sénégalais. À travers son engagement, M. Ndiaye lutte pour la réhabilitation de ce site emblématique, transmettant aux jeunes générations l’histoire du royaume du Djolof et la mémoire du roi Alboury Ndiaye. Khalifa est le fils de Mansour Bouna Ndiaye, ancien député-maire de Louga et premier conservateur du musée. Entrepreneur culturel chargé des sites historiques, le conservateur a représenté le musée de Yang-Yang en 2004 lors de la session de formation des directeurs des centres culturels régionaux du Sénégal, organisée au centre Douta Seck sur la gestion du patrimoine.
Ce musée, rappelle le conservateur, a été fondé par Mansour Bouna Ndiaye, fils du roi Alboury, dans le but de préserver la mémoire de son père et celle du royaume.
Khalifa Ababacar Sy Ndiaye milite aujourd’hui activement pour la réhabilitation du musée, qui souffre d’un manque d’infrastructures adaptées. Il joue un rôle central dans la préservation et la valorisation du patrimoine culturel sénégalais, en particulier celui du Djolof. Véritable gardien de la mémoire orale, il transmet les récits historiques de Yang-Yang et du royaume aux visiteurs et aux chercheurs. Reconnu pour son engagement en faveur de la sauvegarde du patrimoine, il appelle à une mobilisation afin de faire du musée un véritable centre culturel et éducatif, capable d’attirer les jeunes et les touristes tout en honorant l’héritage du roi Alboury Ndiaye.
Par Abdoulaye SADIO

