Venue du Cameroun pour poursuivre ses études en Turquie, Nafissa Misili s’est rapidement imposée comme une voix francophone écoutée au sein des milieux académiques et professionnels. Interprète lors de la récente formation au journalisme de guerre à Ankara, elle incarne la détermination et l’ouverture d’une jeunesse africaine en quête d’excellence.
À un peu plus de vingt ans, Nafissa Misili incarne cette génération africaine mobile, ambitieuse et prête à franchir les frontières pour se construire un avenir solide. Originaire du Cameroun, installée en Turquie depuis cinq ans, elle trace un parcours singulier, guidé par la curiosité, la résilience et la soif d’apprendre. De teint clair, presque métissé, elle se distingue aussi par sa présence discrète et assurée.
Arrivée en Turquie après son baccalauréat, Nafissa choisit ce pays pour « sa capacité d’intégration » et pour les opportunités qu’il offre aux étudiants étrangers, notamment africains. « Beaucoup pensent que la Turquie est un pays raciste, mais au contraire, c’est un pays qui prône l’intégration », dit-elle. Coûts d’études abordables, bourses publiques accessibles pour les étudiants africains, environnement cosmopolite : pour elle, le choix s’est imposé comme une évidence.
Titulaire d’une licence en Relations internationales, elle poursuit aujourd’hui un master en gestion des crises humanitaires et des catastrophes naturelles, un domaine exigeant qui correspond à sa sensibilité et à son désir d’agir. Comme la plupart des boursiers, Nafissa a dû suivre une année entière de cours intensifs de turc. Une étape incontournable, parfois redoutée : « C’est une langue qu’on pense difficile. Mais avec de la concentration, on y arrive. Ce n’est pas impossible. » Cette maîtrise linguistique deviendra d’ailleurs l’un de ses plus grands atouts.
Un profil trilingue très recherché
Étudiante dynamique, elle multiplie les petits emplois pour arrondir les fins de mois. Sa capacité à parler français, anglais et turc attire rapidement l’attention. Dans un pays où « il est rare de trouver des francophones », Nafissa devient un profil recherché. Traduction dans le tourisme, accompagnement dans le secteur médical… puis, plus récemment, une expérience marquante : interprète officielle lors de la 28e session de formation au journalisme de guerre, organisée du 3 au 14 novembre 2025 à Ankara par Anadolu Ajansi (AA), l’Académie de police et la TİKA.

Ses pairs comme les formateurs ont salué sa vivacité intellectuelle, notamment sa capacité à retenir instantanément les questions des journalistes francophones et à reformuler avec exactitude les explications techniques des instructeurs turcs. Une intelligence pratique et linguistique qui a largement facilité le déroulement des séances.
Elle n’est pas journaliste, mais elle a vécu le même programme que les stagiaires : maniement d’armes, techniques de survie en zone de guerre, premiers secours d’urgence. Une expérience qui, dit-elle, « restera gravée ».
Lorsqu’elle se décrit, Nafissa parle de timidité. Pourtant, tout son parcours illustre la détermination : « Je suis quelqu’un de timide, mais j’essaie toujours de vaincre mes peurs et d’avancer. J’aime apprendre, développer mes connaissances. » Joyeuse, disciplinée, ouverte d’esprit, comme le confirment ceux qui l’ont côtoyée durant la formation, elle séduit autant par sa douceur que par sa capacité d’adaptation.
Où se voit-elle dans cinq ans ? Elle sourit : « On ne sait pas où le vent peut nous mener. Mais j’espère travailler pour une organisation internationale, que ce soit dans la traduction ou mon domaine de spécialité. » Confiance en Dieu, foi en son destin, convictions profondes : Nafissa avance avec sérénité.
Des monts turcs à son Cameroun natal, elle porte une histoire inspirante : celle d’une jeune femme africaine qui se construit loin de chez elle, avec courage, intelligence et une maîtrise linguistique qui ouvre les portes.
Cheikh Tidiane NDIAYE


