Mannequin au parcours jalonné d’épreuves, Ndèye Ngoné Diagne, alias Camilla, 24 ans, a su braver les obstacles pour décrocher la couronne de Miss Planète 2024. Entre sacrifices, résilience et quête de reconnaissance, elle incarne l’élégance et la détermination d’une femme qui refuse de plier sous le poids des difficultés. Aujourd’hui, elle ambitionne de hisser haut les couleurs du Sénégal sur la scène internationale, en attendant un soutien à la hauteur de son talent.
Dans le monde du luxe et de l’élégance, le mannequin Ndèye Ngoné Diagne, plus connue sous Camilla, est l’incarnation même de la perfection. Empruntant le premier escalier du quotidien national Le Soleil, on aperçoit, de loin, sa silhouette, démarche fluide, presque légère, mine émoustillée par les lieux. Svelte au regard doux et captivant de ses yeux encadrés de paupières bien fournies, ses lèvres sont encore humides d’un baume rose discret. Elles s’entrouvent par moments, pour offrir un sourire subtil, éclatant d’une blancheur immaculée. Bref, Camilla est bien plus qu’un modèle. Très à l’aise avec ses talons, elle incarne l’essence de la beauté pure inaltérée. Avec son 1m 80 et seulement 58 à la balance, son teint d’une pâleur cristalline laisse deviner une aura presque éthérée au moment où son cheveu naturel pend sur les épaules. Quelle grâce !
C’est en suivant les pas de sa mère, ancien mannequin, que Camilla Diagne s’est lancée à la conquête des podiums. « J’ai toujours aimé la mode et tout ce qui est défilé et compétitions depuis ma tendre enfance. J’ai été beaucoup influencée par ma mère », confie la belle au famélique corps qui laisse la mélodie de sa voix envahir la salle de réunion du journal. Autour de son cou, une double chaîne argentée effleure sa peau. Des boucles d’oreilles scintillantes dansent au moindre mouvement et ajoutent une touche de raffinement à son port de tête gracieux. Ses poignets, eux, sont ornés de fins bracelets qui s’entrelacent et tintent légèrement à chacun de ses gestes.
Miss Dakar 2018
Ngoné a raison de dire qu’elle est passionnée. Depuis le collège déjà, elle participait aux concours de Miss. « Je remportais même des compétitions hors de mon école », confie-t-elle, rayonnant dans sa robe rouge-noire, toute souriante.
À ses débuts, elle a dû affronter la désapprobation de son défunt père Alioune Diagne, un ancien du « Soleil ». « Il était réticent en raison de la réputation controversée du milieu. Mais j’ai su le convaincre en lui partageant mes expériences, et aujourd’hui, j’ai le soutien total de ma famille », raconte-t-elle.
C’est en 2018 que sa carrière prend son envol. Elle est couronnée Miss Dakar. « Une amie a insisté pour que je participe au concours. Après, j’ai tenté ma chance et je l’ai gagné. Nous étions 14 mannequins », se rappelle la Miss. L’année suivante, elle arrête ses études, alors qu’elle préparait son baccalauréat à cause du concours Miss Sénégal, en 2019. « Je n’ai pas remporté ce concours nonobstant les études interrompues », regrette Camilla, amèrement. Son aventure continue aux Philippines pour Miss Earth (terre) en 2022. « J’ai été repérée par le comité Miss Terre sur Instagram. Malheureusement, je n’avais pas une agence. Je devais passer par le Comité Miss Sénégal, mais nous n’étions plus en contrat », souligne-t-elle. Décrochant finalement son billet, Camilla ne sera pas encore lauréate dans cette compétition. Un itinéraire jalonné d’obstacles Le mannequin a ainsi vu s’égrener trois éditions de concours sans pouvoir y prendre part, entravée par un manque criant de moyens et de soutien, le tout exacerbé par un profond découragement. Pourtant, tel un phénix renaissant de ses cendres, elle puise sa résilience dans les paroles de Mandela : « On ne perd jamais. Soit on gagne, soit on apprend ». Forte de cette philosophie, Camilla, enrichie par l’épreuve, repart à la conquête des podiums avec l’ambition suprême de décrocher le prestigieux titre de Miss Planète 2024 au Cambodge.
Un itinéraire jalonné d’obstacles
pour celle qui a dû livrer un combat acharné, bravant l’adversité, déviant les regards dubitatifs et contrecarrant même des tentatives d’entrave à son envol vers la compétition. « Malgré l’absence de soutien et les embûches semées sur mon chemin, je me suis battue corps et âme pour remporter cette compétition », explique la jeune de 24 ans, gaie comme un pinson.
Au Sénégal, le regard sur le mannequinat demeure critique. Entre stigmatisation et quête de reconnaissance, Ngoné s’impose avec une ténacité dans l’univers exigeant du mannequinat. Une profession où rigueur, abnégation et sacrifices rythment son parcours. « Un mannequin doit avoir une confiance inébranlable, car le mannequinat est un métier à part entière », martèle-t-elle d’un ton assuré.
Toutefois, elle ne dissimule pas les écueils inhérents à ce milieu. En dépit de la pression constante qui pèse sur les épaules des mannequins, Camilla est fière de sa passion et reste enracinée dans ses valeurs. L’accès à cette profession répond à des critères stricts : « La taille et la démarche sont fondamentales. Nous devons nous conformer aux standards en matière de poids, de silhouette, entre autres ». Animée par une vision claire, elle nourrit aujourd’hui l’ambition de fonder sa propre agence de mannequinat. « J’ai également suivi une formation en marketing et en covering car », précise-t-elle, élargissant ainsi son champ de compétence.
Son parcours l’a menée au-delà des frontières sénégalaises : « Ailleurs, la perception du mannequinat est plus valorisante qu’au Sénégal. J’ai eu l’honneur de défiler au Nigeria où l’industrie de la mode est bien plus développée et respectée. Là-bas, les mannequins jouissent d’une reconnaissance professionnelle. Ici, nous sommes trop souvent jugées ».
Actuellement, elle aspire à représenter le Sénégal à Miss Global. L’évènement se déroulera au Cambodge durant sept jours avant de se poursuivre en Thaïlande pendant dix jours supplémentaires. « Je dois m’envoler le 24 février prochain pour participer à ce concours. Cependant, j’ai soumis des demandes de sponsoring aux ministères de la Culture et de la Femme et je suis toujours en attente », renseigne-t-elle.
Pour Camilla, les déplacements internationaux sont autant d’opportunités que de défis. « J’ai besoin du soutien des autorités sénégalaises, car j’évolue seule, et organiser mes voyages devient un véritable casse-tête. Pourtant, à chaque compétition, je porte fièrement les couleurs de mon pays et c’est un honneur incommensurable », affirme Ngoné, espérant un soutien.
Déterminée, elle poursuit son ascension malgré les embûches. « J’ai compris qu’il faut persévérer et ne jamais fléchir. Ce métier est exigeant, mais il est, avant tout, une véritable passion ».
Engagement social
Ngoné n’est pas uniquement le super modèle avec les jambes les plus longues. Loi s’en faut ! Derrière le glamour des projeteurs, se cache une vraie femme de conviction. Le mannequin, touchée au cœur par la disparition de son père, des suites d’un cancer, fait de la lutte contre cette maladie son cheval de bataille. En tant que Miss Planète 2024, elle souhaite utiliser son titre pour impacter le monde en général et son pays en particulier. « En participant à l’élection Miss Planète, mon projet était de lutter contre le cancer, une maladie dévastatrice qui a emporté mon père. Aujourd’hui, je souhaite devenir une porte-parole et une conseillère pour les personnes atteintes par la maladie », confie-t-elle avec optimisme. À travers cette ambition forte, Ngoné explique que la véritable beauté réside dans l’authenticité, la détermination et la capacité à utiliser sa visibilité pour créer un impact positif. Elle n’est pas seulement un mannequin, mais une femme qui redéfinit les standards, un modèle qui rappelle que la vraie grandeur réside dans ce que l’on incarne au-delà de l’apparence. Et, chaque pas qu’elle pose, prouve qu’une vie bien vécue n’est jamais seulement celle d’un corps exposé, mais celle d’un esprit et d’un cœur engagé.
Adama NDIAYE