À travers son nouveau single « Seuyou Djolof », dévoilé récemment à Saint-Louis, l’artiste Tex Lbk livre un cri du cœur sur les désillusions du mariage. Inspiré par son vécu de photographe de mariage, il s’allie à Ndary Diouf pour dénoncer, avec force et sensibilité, les injustices silencieuses que subissent de nombreuses femmes après l’union.
À Saint-Louis, le chanteur sénégalais Tex Lbk signe une nouvelle collaboration poignante avec Ndary Diouf dans le titre « Seuyou Djolof ». Inspiré de son expérience personnelle et de ses nombreuses années en tant que photographe de mariage, ce morceau soulève une question rarement abordée de front : que reste-t-il des rêves partagés une fois la cérémonie passée ? Entre 2015 et 2022, Tex a photographié plus de 300 mariages. Mais à force de voir des femmes revenir vers lui, parfois des mois plus tard, pour lui demander de retirer leurs photos de sa page Facebook, il a fini par remarquer un schéma douloureux. Trop de mariages s’effondrent, et trop souvent, ce sont les femmes qui ramassent les morceaux.
Une chanson née d’un constat social amer. Tex a enquêté, écouté, observé. Ce qu’il a vu l’a poussé à écrire. Il raconte : « Après un divorce, c’est la femme qui assume seule les enfants. Elle gère tout. Et pourtant, personne ne dit rien. » C’est à partir de ce silence social qu’est né « Seuyou Djolof », une chanson qui refuse la complaisance et qui dénonce avec tendresse et lucidité. Tex rêvait de collaborer avec Ndary Diouf, dont il admire la sensibilité musicale. « Ndary, c’est un artiste qui te transporte », dit-il. Ce jour-là, Ndary passe par hasard à la maison. Tex lui fait écouter le morceau en cours, l’alchimie est immédiate. La voix chaude de Ndary répond aux mots de Tex avec justesse : l’un raconte, l’autre enveloppe. Le refrain, porté par l’expression « Sarap li », sonne comme un avertissement. C’est un appel adressé aux hommes : « Avant de te marier, comprends ce que représente réellement une femme. Elle ne doit pas régresser à tes côtés. Si elle était à six sur dix avant le mariage, fais en sorte qu’elle atteigne neuf, pas cinq. »
Tex ne prêche pas. Il parle à ses semblables, directement. Il rappelle que le rôle d’un mari dépasse largement les charges financières. Il faut rassurer, protéger, encourager. « Entre hommes, parfois, le message passe mieux. La musique permet cela. Elle soigne. Elle éveille », souligne l’artiste. Depuis la sortie du morceau, les retours pleuvent. Les femmes s’y reconnaissent. Certains hommes, eux, se sentent bousculés. Et c’est voulu. Car c’est dans l’inconfort que naît parfois la remise en question. Plusieurs hommes ont d’ailleurs écrit à Tex pour lui dire qu’ils n’avaient jamais vu les choses sous cet angle.
D’autres s’interrogent sur le mot « Sarap li », le trouvent brutal. Tex rend un hommage discret aux femmes épuisées. Il le dit sans détour : « Les femmes sont fatiguées. La société les fatigue. Le mariage les fatigue. Il faut que nous, les hommes, nous en prenions conscience. » Ce morceau est aussi une main tendue, un appel à la solidarité masculine envers celles qui, chaque jour, tiennent debout pour deux.
Adama NDIAYE