Une signature, une rareté projetée. Le peintre, sculpteur sénégalo-suisse Momar Seck, déroule un parcours artistique au long cours. Il présente à Dakar, jusqu’au 2 mai 2025, ses nouvelles œuvres dans le cadre d’une exposition titrée « Terres âmes et étoffes ».
Des textures, des couleurs. L’artiste visuel Momar Seck en met plein la vue. Ses dernières créations sont à découvrir jusqu’au 2 mai à l’Espace Atelier Pombi à Ngor Almadies. Peintre, sculpteur sénégalo-suisse, Seck est considéré comme un pont vivant entre la Suisse et le Sénégal. La trame de l’exposition titrée « Terres âmes et étoffes » surfe entre textures et traditions, entre bâtons d’Afrique et motifs contemporains. À travers ses installations colorées et ses sculptures-totems, Momar Seck tisse un dialogue entre les cultures, les mémoires et les territoires.
À l’Espace Atelier Pombi, on ne se lasse pas d’explorer son univers vibrant et engagé – un vrai souffle d’inspiration ! Dans ses œuvres, les notions d’unité sociale, les liens entre les communautés humaines, la maîtrise des conditions de vie et la réorientation des visions du monde lui reviennent comme des leitmotivs. « La Couleur même si je n’en fais pas la théorie, elle s’ouvre à de nouvelles possibilités et organisations de l’espace grâce au soleil tropical du Sénégal », souligne Seck.
Sur ce registre, les notions de récupération, de durabilité ont une résonnance singulière dans son vocabulaire pictural. Dans sa méthode graphique, il associe des produits textiles portant des symboles et signes africains avec des accessoires et matériaux venus d’ailleurs par exemple de la Suisse (peintures, pastels, etc.) comme trait d’union entre les deux pôles de sa vie que sont l’Afrique et l’Europe. « Mes préoccupations en arts visuels sont étroitement liées à mes convictions et vision sociales », confie Momar Seck.
Ainsi, les produits textiles qu’il récupère selon leur provenance ont leur propre histoire. Ce qui lui permet d’établir un dialogue entre les différents peuples et cultures. « Les morceaux de tissu collés les uns aux autres expriment le désir de changement d’eux-mêmes et d’échanges avec les autres et le désir d’union et de cohésion », détaille l’artiste visuel. Dans ses œuvres, Seck met en relief des paysages pour éveiller les consciences, sensibiliser sur l’importance de la faune et de la flore qu’il faut préserver. La notion de récupération est basée sur du textile détourné pour parler de la société.
Dialogue des cultures Aux yeux de l’artiste sénégalo-suisse, l’étoffe a une histoire dans chaque société. Le fait de mettre ensemble différents tissus permet d’établir un dialogue des peuples, des cultures. Momar Seck se fraye un parcours au long cours. Il a été formé à l’École nationale des arts de Dakar. À la suite, il a obtenu une bourse de la Commission fédérale suisse de la culture. Cette bourse de 3e cycle lui a permis de développer avec des artistes là-bas et de comprendre comment les choses fonctionnent : création, exposition, musées, galeries, partenaires culturels, entre autres. Au Sénégal, il avait une formation pratique.
Seck est parti chercher l’essence de ce qui lui manquait : une compréhension des fondements, des liens qui peuvent se développer dans son travail artistique. Cette formation l’a poussé à développer une recherche dans l’art africain contemporain. Il l’a déviée un peu pour l’orienter vers l’utilisation des matériaux de récupération dans l’art africain contemporain en allant du Sénégal jusqu’en Éthiopie en passant par plusieurs pays d’Afrique. Cela a permis à Momar Seck d’interroger les origines de cette création, ses relations avec celle artistique européenne.
Ce séjour à l’étranger a été rythmé par des expositions en Suisse, France, à Cuba, aux États-Unis, notamment. Cette ouverture d’esprit a valu à Momar Seck d’être lauréat du Prix de l’Unesco pour la promotion des arts visuels. Il a participé à la Biennale d’art contemporain africain Dak’Art dans la capitale du Sénégal – Dakar. Il est titulaire d’un doctorat en arts plastiques de l’Université de Strasbourg. Il enseigne à Genève et Dakar. L’exposition intitulée « Terres âmes et étoffes » est à voir jusqu’au 2 mai 2025 à l’Espace Atelier Pombi (Ngor Almadies).
ESPACE ATELIER POMBI : Une passerelle culturelle entre la Suisse et le Sénégal
L’ambition est généreuse. Elle est noble. En mettant en place l’Atelier Pombi, Momar Seck a voulu créer un espace où l’art et la culture s’invitent dans le quotidien pour établir une passerelle entre les artistes, les intellectuels et le grand public de la Suisse et du Sénégal. L’objectif est de rendre l’art accessible à tous, en valorisant la richesse des échanges culturels et le développement des talents locaux. Implanté dans le cadre de l’association Diapalante – Arts, éducation et culture, Pombi aspire à devenir un lieu d’inspiration, d’épanouissement et de rencontres créatives, où la diversité des expressions artistiques prend vie.
L’un des piliers de Pombi réside dans son engagement à organiser régulièrement des expositions artistiques variées, allant de la peinture à la sculpture en passant par la photographie et les installations multimédias. Chaque exposition est conçue pour permettre aux artistes de partager leur vision du monde, d’explorer des thématiques profondes et universelles, et d’inciter le public à s’immerger dans des univers uniques. Ces événements sont pensés comme des dialogues visuels et émotionnels, invitant les visiteurs à explorer les œuvres et à interagir avec les artistes, dans un esprit d’ouverture et d’inclusion.
Massiga FAYE